Yellowknife : le nouveau conseil entame le casse-tête budgétaire
Tout juste assermentés à l’hôtel de ville, les nouveaux conseillers municipaux de Yellowknife ont eu ce lundi 7 novembre un aperçu du défi qui les attend cet automne avec l’adoption prochaine d’un premier budget d’après pandémie.
Thomas Ethier – IJL Réseau.Presse – L’Aquilon
L’administration municipale de Yellowknife a dévoilé le 7 novembre un budget préliminaire 2023 incluant une hausse proposée de l’impôt foncier de 7,47 %, accompagné, notamment, d’une hausse de 11 % des frais de gestion des déchets. Le tout est maintenant entre les mains du nouveau conseil municipal, qui devra déterminer la charge fiscale qui sera imposée aux résidents face à des défis économiques qui s’annoncent tenaces.
Il n’est pas rare que la hausse d’impôt proposée dans le budget préliminaire soit considérablement réduite par le conseil dans l’élaboration du budget final. La directrice des services corporatifs de la municipalité, Sharolyn Woodward, a toutefois émis une mise en garde en appelant les conseillers à adopter un vison à long terme. « Le plan que nous proposons appelle à la viabilité économique. Il n’est pas suffisant de prendre des décisions pour une ou deux années », souligne-t-elle.
« L’adoption d’un budget municipal apporte toujours son lot d’insécurité, mais cela n’a jamais été aussi apparent qu’au cours des deux dernières années et demie de pandémie, poursuit Mme Woodward. Maintenant que nous commençons à sortir du brouillard de la COVID-19 et à observer et à ressentir les répercussions de la pandémie, cette incertitude continue à nous hanter. »

Le nouveau conseil municipal de Yellowknife (de gauche à droite) : Cat McGurk, Garett Cochrane, Ben Hendriksen, Ryan Fequet, Rebecca Alty (mairesse), Stacie Arden-Smith, Steve Payne, Rob Warburton et Tom McLennan. (Crédit photo : Thomas Ethier)
De grands projets à venir
L’administration prévoit pour 2023 des dépenses substantielles, mais attendues, de 153 millions, un montant qui comprend notamment le projet de construction du nouveau centre aquatique de Yellowknife – le plus imposant projet de construction de la municipalité à ce jour –, dont l’ouverture est prévue pour 2024.
Les revenus de la municipalité devraient s’élever à 112 millions $. Comme l’explique Mme Woodward, compte tenu des amortissements et des remboursements de dette, ainsi que de l’argent provenant de fonds divers, l’écart réel entre les revenus et les dépenses pour 2023 devrait avoisiner les 420 000 $. « Le budget proposé est essentiellement considéré comme équilibré », assure-t-elle.
Selon l’administration, le budget proposé se concentre en grande partie sur le remplacement et la mise à jour d’infrastructures vieillissantes, dans un contexte où plusieurs des projets auraient été retardés ces dernières années par la hausse marquée du cout des matériaux de construction, par d’importants délais de livraison et par la pénurie de main-d’œuvre.
Dans son plan d’immobilisation de trois ans, l’administration recommande des dépenses en infrastructures de 68 millions $ pour 2023, et d’environ 39 millions $ pour 2024 et 2025. À la construction du nouveau centre aquatique s’ajoutent notamment les travaux d’agrandissement de la caserne de pompiers au cours des deux prochaines années, en plus du changement, d’ici 2025, des conduites d’égout.
L’an dernier, le conseil municipal avait adopté une hausse d’impôts de 5,56 %, alors que l’administration suggérait une hausse de 13,44 % dans son budget préliminaire. L’impôt foncier a toutefois subi une hausse inattendue au printemps 2022, pour atteindre 9,04 %, une décision adoptée par le conseil dans le but de réduire la charge fiscale des entreprises, et qui ne s’est donc pas traduite par une hausse des revenus pour la municipalité.
Mises en garde
« Nous avons appris avec le temps que des baisses d’impôt, ou aucune hausse, ne nous permettent simplement pas de suivre le fil de toutes les dépenses. Ce sont souvent les services d’entretien qui sont affectés a fait valoir Mme Woodward. Maintenant que nous commençons à prendre une approche centrée davantage sur la gestion d’actifs, nous réalisons que le maintien de faibles hausses d’impôts est une mesure à court terme pour laquelle nous allons éventuellement devoir payer. »
Le conseiller Steve Payne – réélu en octobre pour un troisième mandat – a formulé un commentaire en faveur des décisions du précédent conseil. « Cela semble être une façon de blâmer l’ancien conseil, ce qui n’est pas très apprécié. Par le passé, nous avons pris les décisions que nous devions prendre pour rendre les gens heureux, et ultimement, nous avons respecté leurs désirs. Or, nous ne pouvons effectivement pas dépenser sans compter si nous n’avons pas d’argent qui entre », a-t-il indiqué.
L’administratrice a souligné à grand trait aux nouveaux conseillers les défis économiques qui s’imposent présentement au pays, incluant une importante inflation, des ruptures dans les chaines d’approvisionnement causant d’importants retards dans la mise en branle des projets de construction, et une pénurie de main-d’œuvre nationale ayant d’importantes répercussions dans le Nord.
À cela s’ajoute la fermeture annoncée des mines de diamants, qui devrait avoir d’importants impacts économiques. L’administration déplore également un manque à gagner dans le transfert du gouvernement des TNO aux municipalités, évalué à 8,3 millions $.
Qui plus est, l’administration souligne une croissance des infrastructures des services et des programmes offerts dans la municipalité au cours des dernières années, alors que sa population est demeurée stable, ce qui limite l’apport du revenu sur l’impôt foncier.
En contrepartie, Mme Woodward a souligné des éléments porteurs de croissance pour la municipalité, incluant la reprise du secteur touristique, la construction d’un nouveau centre aquatique susceptible d’attirer et de garder les familles à Yellowknife, et la construction attendue de nombreux logements dans les prochaines années.
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