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Denis Lord

Vers une collaboration renforcée entre l’Alaska et le Yukon.

Denis Lord – Arctique


Renforcer la collaboration avec l’Alaska permettrait d’augmenter la sécurité au Yukon.

C’est un des éléments centraux du rapport final du Conseil consultatif sur la sécurité dans l’Arctique, rendu public le 19 novembre. Les recommandations de cet organisme indépendant doivent guider le Yukon dans ses demandes au fédéral pour mieux protéger le territoire et le Nord canadien.


Les auteurs du rapport évoquent la force de l’ancien partenariat entre l’État et le territoire, aujourd’hui sous-développé.


« C’est une des relations les plus méconnues au Canada, commente un des auteurs du rapport, Ken Coates. C’était incroyablement fort. L’Alaska et le Yukon travaillaient facilement ensemble, ils avaient beaucoup d’intérêts en commun. »

Selon le rapport qu’il cosigne, ce partenariat renouvelé, tant aux niveaux civil que militaire, est une pierre d’assise de la sécurité et de la protection du Yukon.



Le président du Conseil consultatif sur la sécurité dans l’Arctique, Ken Coates, avec le grand chef de l'Assemblée des Premières nations du Yukon, Peter Johnston, également membre du Comité.

(Photo Gouvernement du Yukon / Justin Kennedy)


Défense et urgence


Le Yukon bénéficierait d’une compréhension plus globale de la place de l’Alaska dans le système militaire nord-américain, la défense civile et la préparation aux urgences de son voisin de l’ouest, font valoir les auteurs.


Le territoire pourrait développer conjointement avec le Canada et l’Alaska un plan pour répondre aux problèmes de sécurité et de défense actuels, qui sont « complexes et interconnectés », écrivent-ils.


Il y a une fenêtre d’opportunité pour explorer des investissements multipartites, multiimpacts et polyfonctionnel dans des infrastructures qui servent des objectifs militaires et de défense, ainsi que les besoins territoriaux et civils. L’approche coordonnée dans les communications, les interventions d’urgences et les moyens de transport permettraient des investissements stratégiques et effectifs pour améliorer la qualité de vie au Yukon et accentuer la défense nordique du Canada.


L’État et le territoire devraient également établir des partenariats pour faire face au trafic maritime nordique croissant, dans les installations portuaires, la surveillance et le nettoyage.



Portes ouvertes


En conférence de presse, le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, a été questionné sur les possibilités de collaboration avec son voisin de l’ouest, alors que les postes-clés de l’État – sénateurs, gouverneur et représentant – sont occupés par des républicains réunis sous l’étendard du protectionnisme.


M. Pillai a concédé que le gouverneur de l’Alaska, Mike Dunleavy est un partisan déclaré de Donald Trump et a assuré que beaucoup de travail avait été accompli dans les dernières années pour renforcer la relation.


« Une relation sans précédent se construit avec l’Alaska », assure M. Pillai, évoquant une entente-cadre. « Il y a un engagement de plusieurs dizaines de millions de dollars de l’Alaska dans des infrastructures de la route de l’Alaska au Yukon, avec l’aide du gouverneur et de son équipe. […] Il y a eu des discussions entre le gouverneur et moi sur les ressources partagées, les infrastructures de formation partagées, sur l’utilisation de nos premiers répondants lors des incendies. »

Selon M. Pillai, l’idéologie protectionniste n’interfère pas dans ces créneaux de coopération.



Investissements dans l’OTAN


Le premier ministre du Yukon a cependant souligné que si le Canada n’atteint pas comme promis un investissement de 2 % de son produit intérieur brut dans les dépenses militaires de l’OTAN, la situation pourrait s’avérer problématique.


« Nous savons qu’il va y avoir une grande demande pour que ce 2 % se réalise, explique Ranj Pillai.

[…] Cet été à Halifax, les premiers ministres de toutes les allégeances politiques, que ce soit moi ou Doug Ford, nous avons signalé l’importance d’atteindre cette dépense de 2 %. Ce n’est pas quelque chose dont parlent habituellement des premiers ministres. »


Au moment d’écrire ces lignes, M. Pillai devait s’entretenir avec le gouverneur Dunleavy. Ce dernier a fait une visite officielle au Yukon en février dernier.



Rangers et réserve


Le Conseil consultatif sur la sécurité dans l’Arctique est formé de Ken Coates (président), Peter Johnston, Pauline Frost, Heather Exner-Pirot, Derek Joyce, Whitney Lackenbauer et Jennifer Spence.


Son rapport recommande également la croissance du corps des Rangers et l’établissement d’une unité de première réserve basée à Whitehorse.


Consécutivement au rapport, le 21 novembre, le gouvernement du Yukon et le ministère des Affaires du Nord annonçaient un investissement conjoint de 370 000 $ pour explorer la faisabilité de la création d’un Institut canadien pour la sécurité de l’Arctique au Yukon. L’Institut serait une ressource panterritoriale pour développer une approche nordique de la sécurité liée au développement social et économique. La création de cet Institut se veut conséquente au rapport final du Conseil consultatif sur la sécurité dans l’Arctique et au Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord.


Durant les 17 prochains mois, le Yukon dirigera une étude complète sur le projet, sa gouvernance et la représentation des parties prenantes.



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