Une bouée de sauvetage : Food Rescue Yellowknife lutte contre la faim et le gaspillage
Entre la baisse des dons alimentaires et la hausse de la demande, un défi croissant pour nourrir les populations les plus vulnérables de la communauté.
Cristiano Pereira
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
Depuis sa création en 2008, Food Rescue Yellowknife a été un maillon crucial pour de nombreux habitants de la communauté, distribuant des aliments sains et nutritifs qui, autrement, seraient gaspillés. Avec plus de 2,1 millions de kilogrammes de nourriture sauvée et distribuée à travers Yellowknife, l’organisation a joué un rôle essentiel dans l’amélioration de la sécurité alimentaire, en particulier pour les populations vulnérables.
Opérant cinq jours par semaine, Food Rescue Yellowknife fonctionne comme une machine bien huilée, grâce à son équipe dévouée de personnel à temps partiel et plus de 80 bénévoles. « Nous avons un chauffeur salarié et un coordinateur de site salarié, ainsi qu’entre 25 et 30 bénévoles chaque semaine. Ils viennent peut-être trois à quatre heures par jour, pas les mêmes chaque jour, mais en rotation », explique Lesley Allen, présidente de Food Rescue Yellowknife, à Médias Ténois. « De 9 heures à 13 heures, nos chauffeurs partent en camionnette, récupèrent la nourriture dans les magasins locaux, puis retournent sur le site où tout est pesé, catégorisé et trié pour la distribution. »
Les types de nourriture récupérés sont variés : produits frais, produits laitiers, viandes, et même de la nourriture pour animaux. Allen décrit le processus de gestion de ces articles : « Nous passons en revue tous les produits – pommes, tomates, bananes – pour vérifier s’ils sont bons. Si ce n’est pas le cas, nous les mettons dans un tas de compost ou les transformons. Les bons produits sont nettoyés, stockés, puis triés dans les congélateurs, les réfrigérateurs et sur les étagères. »
Une législation propice
L’adoption de la Loi sur le don de denrées alimentaires en 2008 par les Territoires du Nord-Ouest a été cruciale pour Food Rescue Yellowknife. Cette législation, qui a coïncidé avec la fondation de l’organisation, a joué un rôle fondamental en permettant à ses opérations de démarrer. Avant cette loi, les épiceries n’étaient pas autorisées à donner des aliments au-delà de leur date de péremption, ce qui entrainait un gaspillage important. « Avant 2008, les magasins devaient jeter la nourriture passée la date de péremption parce qu’ils n’étaient pas autorisés à la vendre ou à la donner », se souvient Allen.
« La Loi sur le don de denrées alimentaires permet aux magasins de faire don de cette nourriture à des organisations comme la nôtre sans qu’ils en soient responsables. C’est un immense soulagement pour les magasins comme pour nous. »
Malgré le succès de l’organisation, les défis ne manquent pas. La pandémie de COVID-19, les problèmes de chaine d’approvisionnement et les récentes évacuations ont conduit à une diminution des dons alimentaires des trois principales épiceries de Yellowknife. « Nous avons constaté une légère diminution des dons alimentaires », note Allen. « Mais en même temps, les prix des aliments sont si élevés que les gens ne peuvent pas se permettre d’acheter de la nourriture. Nous constatons donc une demande accrue, mais nous recevons un peu moins qu’auparavant. »
Cette demande croissante, combinée aux sources limitées de dons alimentaires, met Food Rescue Yellowknife dans une position difficile. L’organisation dessert 23 groupes, allant des séniors aux organisations de jeunesse, et s’étend même aux animaux de compagnie par la SPCA. « Les organisations sociales avec lesquelles nous travaillons demandent plus de nourriture, mais nous ne l’avons pas », partage Allen. « Pensez à la banque alimentaire – elle réclame de la nourriture. Ils n’en ont plus lorsqu’ils distribuent leurs paniers du samedi, mais nous n’avons pas plus à donner. »
Soutien communautaire
Un autre défi mentionné par Allen est le taux de rotation élevé du personnel, tant dans les magasins que dans les organisations bénéficiaires. Cela nécessite une rééducation constante sur la mission de Food Rescue et l’utilisation sécuritaire des aliments au-delà de leur date de péremption. « Le nouveau personnel dans les magasins ou les organisations sociales ne sait peut-être pas que Food Rescue récupère de la nourriture tous les jours, donc ils pourraient simplement jeter les choses sans réaliser que Food Rescue pourrait les prendre », dit Allen. « Il y a une crainte de consommer des aliments au-delà de la date de péremption. Nous essayons de rééduquer les gens pour qu’ils vérifient, reniflent, et ne jettent pas immédiatement. »
Malgré ces obstacles, Food Rescue Yellowknife repose sur une base solide de soutien communautaire, tant en matière de bénévolat que de contributions financières. Allen souligne l’importance de l’engagement communautaire : « Nous recevons tellement de soutien de la part de la communauté. Nous avons d’excellents bénévoles – plus de 80 au total – et un personnel formidable. Lorsque vous avez les bonnes personnes aux bons endroits pour faire le travail, tout se passe assez bien. »
L’organisation est toujours à la recherche de soutien supplémentaire, que ce soit par des dons, du bénévolat, ou simplement en sensibilisant les autres. Allen encourage les membres de la communauté à s’impliquer : « Il y a de petites choses que les gens peuvent faire, comme conserver les boites d’œufs et les contenants en plastique pour que nous puissions les utiliser. Et pour ceux qui sont intéressés par un engagement plus direct, je suggère de venir visiter le site, voir ce qui s’y passe, puis de s’inscrire pour devenir bénévole. »
La mission de Food Rescue Yellowknife est claire : combler le fossé entre l’excès de nourriture et ceux qui en ont besoin. Avec le soutien continu de la communauté de Yellowknife, l’organisation espère surmonter ses défis actuels et poursuivre son travail essentiel pendant de nombreuses années encore.
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