Un tour du monde en préparation à Yellowknife
Dans le cadre de son tour du monde, l’équipe de TransGlobal Car Expedition compte parcourir 40 000 km et traverser 32 pays. Si les objectifs sont atteints, ce sera la première fois qu’une expédition atteindra les deux pôles en véhicules sur roues, sans emprunter de transports aériens.
Thomas Ethier IJL – Réseau.presse – L’Aquilon
En amorçant sa descente vers Yellowknife, le 1er mars, l’équipe mandatée par le multimillionnaire russe Vasily Shakhnovsky avait une mission en tête : atteindre le nord du Nunavut en empruntant la glace arctique. Bien qu’imposant, le projet n’en est qu’au stade d’étape préparatoire. Dans quelques mois, l’expédition TransGlobal Car Expedition partira d’Amérique du Sud pour tenter un tour du monde, et ce, exclusivement en véhicule sur roues.
(Crédit photo : Thomas Ethier)
Le 8 mars, une quinzaine de membres de l’équipe s’affairaient à préparer l’équipement et les véhicules qui devaient les mener quelques jours plus tard à Resolute Bay. « Au moment où nous nous parlons, dans ce hangar, se trouvent probablement les deux tiers de l’expertise mondiale en matière de conduite extrême sur les continents Arctique et Antarctique », a indiqué le chauffeur professionnel Andrew Comrie-Picard.
Installé dans le hangar de Buffalo Airways, M. Comrie-Picard a souligné que cette expédition devra contribuer notamment aux recherches scientifiques entourant le réchauffement climatique. Deux camionnettes spécialement adaptées à la conduite sur neige étaient en préparation, ainsi qu’un véhicule amphibie qui sera stationné à Resolute Bay, afin d’être prêt pour la traversée vers le pôle, prévue pour mars 2023.
« Vasily Shakhnovsky et son partenaire nous ont approchés il y a trois ans, en Islande, pour préparer l’expédition », a expliqué Emil Grimsson, président de l’entreprise islandaise Arctic Trucks, également sur place. « Si nous sommes dans le Nord canadien cet hiver, c’est dans le but de tester nos véhicules, en nous rendant à Resolute Bay. L’autre objectif est de tester les capacités de l’équipe, ajoute-t-il. Nous nous familiarisons avec l’équipement qui sera utilisé pour l’expédition principale. »
L’équipe de la TransGlobal Car Expedition compte notamment atteindre le continent arctique en voiture amphibie, ce qui lui permettra de parcourir les eaux et la glace mouvante de l’océan Arctique. (Crédit photo : Thomas Ethier)
Les préparatifs compromis
Au moment de l’entrevue, ce voyage préparatoire vers Resolute Bay était toutefois compromis par une série d’imprévus, incluant le retard provoqué par une infraction aux règles de Transport Canada, qui a fait les manchettes à travers le pays. « Nous avons également été retardés par la COVID-19, et d’autres enjeux de transport, a expliqué M. Grimsson. Je crois que ce sera possible, mais tout devra maintenant fonctionner parfaitement selon les plans. »
L’arrivée de la délégation a fait grand bruit aux Territoires du Nord-Ouest. Quelques jours après le début de l’invasion russe en Ukraine, l’avion qui partait de Genève, en Suisse, s’est trouvé en infraction pour avoir emprunté l’espace aérien canadien, dont l’accès a été limité par Transport Canada en guise de sanction envers la Russie. L’avion affrété par Vasily Shakhnovsky, de citoyenneté russe, et a été retenu au sol.
La nouvelle a d’abord semé l’émoi. La ministre de l’Infrastructure, Diane Archie, a annoncé le 2 mars à l’Assemblée législative qu’« un avion civil contenant des passagers de nationalité russe avait atterri à Yellowknife ». « J’en tremble. Lorsque j’ai reçu l’appel, je me suis dit “Mon Dieu !”. Désolé, il est difficile de répondre à certaines des questions », avait-elle alors partagé.
On apprenait quelques jours plus tard que tous les membres de l’équipe ont été autorisés à demeurer au Canada et à s’adonner librement aux activités prévues à leur voyage. Les pilotes, la compagnie aérienne et Vasily Shakhnovsky ont toutefois été mis à l’amende. Ce dernier aurait depuis quitté le Canada par vol commercial pour retourner à Genève.
Le chauffeur professionnel Andrew Comry-Picard est notamment champion de rallye et présentateur télé. Il prendra part à l’expédition TransGlobal Car Expedition à partir de septembre 2022. (Crédit photo : Thomas Ethier)
Une aventure « apolitique »
En cette période de vives tensions géopolitiques, l’équipe s’attendait-elle à être interpelée de la sorte à son arrivée au pays ? « Absolument pas, affirme Andrew Comrie-Picard. Ce fut très décevant et difficile à comprendre pour nous. Les membres de l’expédition viennent de partout. Il y a des Ukrainiens, des Russes, des Islandais, un Allemand, un Anglais, et je suis moi-même Canadien. »
« Nous sommes désolés que notre arrivée ait ainsi pu paraitre agressive ou étrange », a-t-il aussi indiqué. En vantant l’accueil irréprochable des Ténois, M. Comrie-Picard dit comprendre qu’« il s’agit d’une période très difficile à travers le monde, et que les règlements [de transport Canada] étaient difficiles à mettre en place aussi rapidement ».
Selon lui, les approbations requises auraient été remplies et soumises avant le décollage de Genève. « Nous ne nous attendions à aucun problème, mais comprenons aujourd’hui ce qui s’est produit, indique-t-il. Ces nouveaux règlements ont été écrits peu de temps avant le décollage. Je crois même que certains éléments ont été mis en œuvre alors même que l’avion était en vol. »
Spécialement adaptées à la conduite hivernale extrême, les camionnettes Ford F-150 de l’expédition sont montées sur d’énormes pneus homologués pour la route, qui peuvent être dégonflés à 2 psi pour être en mesure de « flotter » sur la neige. (Crédit photo : Thomas Ethier)
Le voyageur décrit TransGlobal Car Expedition comme un projet apolitique. « Nous ne nous attendions pas à vivre un enjeu politique, parce que nous ne pensions pas à la politique, indique-t-il. Nous travaillons ensemble sur ce projet depuis trois ans, nous ne pensions pas qu’un évènement survenu dans les deux dernières semaines aurait cet impact. »
Selon l’itinéraire affiché sur le site Web de la TransGlobal Car Expedition, ce voyage autour du monde s’étendra sur plus de deux ans. L’équipe partira d’Argentine en septembre prochain, pour atteindre Yellowknife en janvier 2023. Une partie de l’équipe empruntera alors le véhicule amphibie pour atteindre le pôle Nord. L’équipe traversera ensuite l’Europe, puis l’Afrique, avant d’entreprendre la traversée vers l’Antarctique. L’expédition devra alors atteindre le pôle Sud, avant de retourner à son point de départ, en Argentine.
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