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Photo du rédacteurThomas Ethier

Refuge temporaire : Yellowknife dit non



« Je suis profondément déçue de la décision du conseil municipal », a déclaré la ministre de la Santé et des Services sociaux, Julie Green, au lendemain d’un vote serré et de débats houleux.


Thomas Ethier – IJL – Territoires


La municipalité de Yellowknife n’accordera pas de permis au gouvernement des TNO pour l’établissement d’un centre de jour temporaire qui accueillerait les sans-abris à l’angle de l’avenue Franklin et de la 48e rue. L’option a été écartée par le conseil municipal ce lundi 4 octobre, à quatre voix contre trois. À l’approche des grands froids, le GTNO devra rapidement trouver une solution, alors que le centre de jour permanent fonctionne au maximum de sa capacité.


« Nous explorons présentement toutes les options disponibles, qui répondront aux besoins identifiés, et travaillons à déterminer quelles seront les prochaines étapes », a indiqué la ministre de la Santé et des Services sociaux, Julie Green, dans un courriel où elle exprime sa déception. La population mal-logée de Yellowknife est composée de résidents, qui méritent la même compassion que tous les autres membres de notre communauté dans le besoin ».


Division à Yellowknife


L’issue de ce vote met un terme à des semaines de débats entre opposants et défenseurs du projet. Selon la proposition soumise au conseil, ce centre temporaire aurait été en fonction jusqu’en 2024. Certains commerçants voisins du site choisi – qui disent craindre que des usagers du centre ne nuisent à leur commerce – ont indiqué qu’ils s’opposeraient activement à la mise sur pied de ce refuge, si le conseil votait en sa faveur. Selon les règles en place, un seul résident a le pouvoir de faire appel d’une telle décision du conseil, et ainsi de retarder le processus de plusieurs mois. À l’approche de la saison froide, un tel délai n’est pas envisageable.


Un groupe de résidents en faveur du projet fait présentement circuler une lettre d’appui qui, en date du 4 octobre, avait été signée par 231 résidents. « Au moins 90 % des personnes itinérantes à Yellowknife sont dénées, inuites et/ou métisses. Elles sont survivantes des pensionnats autochtones, ou sont les enfants de survivants, peut-on lire. Elles sont survivantes d’un trauma intergénérationnel et du colonialisme. Plus important encore, elles sont des membres de notre communauté. » Quelque 22 entreprises et organismes de Yellowknife ont apposé leur nom à la missive.


Le conseiller municipal Niels Konge a récemment soulevé la controverse, en comparant les propriétaires des petites entreprises affectés par la pandémie, aux victimes des pensionnats autochtones. « [Les petites entreprises de Yellowknife] doivent fermer leurs portes à cause de forces qui les dépassent largement, comme ce fût le cas lors de la rafle des années 60. Le gouvernement a choisi d’enlever les enfants autochtones, et ces petites entreprises sont fermées par le gouvernement, a-t-il déclaré. (…) Ces propriétaires et les personnes sans abris se battent présentement pour les mêmes choses ».


M. Konge a présenté ses excuses au cours de la même rencontre, et qualifié cette comparaison d’« horrible ». Dans le cadre d’un recensement effectué au printemps 2021, où l’on a dénombré 312 personnes en situation d’itinérance à Yellowknife, plus de 62 % des répondants ont indiqué qu’au moins un de leur parent a fréquenté un pensionnat autochtone. 19 % ont dit avoir eux-mêmes vécu l’expérience.


D’autres options ?


Lors de la discussion qui a précédé le vote, la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty – qui a voté en faveur de la proposition –, a fait valoir le traitement particulier imposé à cette demande de permis d’exploitation, alors que plusieurs autres ont été soumises au conseil par le passé, sans qu’on remette le lieu choisi en question. « […] les discussions tendent à se centrer sur la recherche d’un meilleur emplacement [pour établir ce centre de jour temporaire] – et c’est là où, selon moi, nous nous égarons, et ne considérons pas cette demande comme les autres demandes », a-t-elle souligné.


Certains conseillers ont exprimé leur perplexité face à l’emplacement convoité, indiquant ne pas croire, contrairement à ce qu’affirme le GTNO, qu’il s’agit là de l’unique solution envisageable. « Tellement d’entreprises nous ont parlé au cours des derniers jours. Des solutions ont été mises de l’avant. Toutes les pierres n’ont pas été tournées [par le gouvernement]. En fait, peu l’ont été », a avancé la conseillère Stacy Smith. Cette dernière a également déploré l’intimidation dont auraient été victimes certains propriétaires d’entreprise. « Cette histoire divise notre communauté. Les gens croient qu’il est approprié de s’intimider les uns les autres », s’est-elle inquiétée.


Ouvertement opposé depuis l’an dernier à l’ouverture d’un centre de jour temporaire dans le Centre-Ville de Yellowknife, le conseiller Niels Konge a remis sur la table une suggestion qu’il a émise en 2020, soit d’installer des tentes adaptées au froid en périphérie du centre-ville, pour y accueillir les sans-abris durant l’hiver. Il déplore par ailleurs que toutes les autres options étudiées par le GTNO n’aient pas été partagées avec le conseil municipal.


Un service urgent et essentiel


Le conseiller Julian Morse a évoqué le devoir du conseil municipal de venir en aide aux personnes dans le besoin. « Je suis une personne privilégiée et suis dans l’obligation morale, de par mon rôle au conseil municipal, de prendre une décision qui protègera les plus vulnérables, ceux qui sont le moins en mesure d’exercer leur pouvoir. Nous avons l’obligation de prendre une décision en leur nom », a-t-il déclaré, avant d’ajouter « qu’il serait extrêmement embarrassant de voir le conseil se tenir devant cette solution, si c’est la seule qui soit valable. Je ne veux pas être celui qui fera obstacle à cette solution. »


La conseillère Shauna Morgan a quant à elle exprimé sa bonne foi quant au travail du GTNO, et souligné l’urgence de mettre une solution en place avant l’arrivée des grands froids. « Selon moi, c’est la solution la plus raisonnable, qui nous assurera que ce service urgent et essentiel pourra être mis en place. Le GTNO propose des mesures pour réduire les risques soulevés par les entreprises du secteur. […] Plutôt que d’espérer une meilleure option qu’on ne connait pas encore, nous devons saisir cette solution. Les risques de la rejeter sont plus élevés que les risques d’aller de l’avant ».


Selon elle, considérant les mesures proposées par le GTNO pour assurer un bon voisinage entre les usagers du centre et les commerces environnants, ce projet centre pourrait être bénéfique. « Plusieurs personnes sans abris fréquentent déjà ce secteur de la municipalité. Ce projet permettrait d’y déployer des mesures, des ressources et du personnel. »


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