Qimmiiit : il faudra plus que 45 M$
Denis Lord - Arctique
La société Makivvik escompte un dédommagement supérieur aux 45 M$ annoncés par le gouvernement fédéral pour dédommager les Nunavimmiuts des abattages de chiens survenus dans les années 50 et 60.
Selon des estimations de la société Makivik basées sur 200 témoignages, plus de 1500 chiens auraient été tués à cette époque, avec la participation de la Gendarmerie royale du Canada et de la Sureté du Québec. Le Canada a officiellement présenté ses excuses le 23 novembre dernier, chose que le Québec avait faite en 2011.
« Nous nous attendons à ce que le gouvernement fédéral augmente cette compensation financière », affirme Andy Moorhouse, vice-président de la société Makivvik, qui représente les Inuits du Nunavik auprès d’Ottawa et du gouvernement québécois. « 45 M$ pour nous, c’est juste la première étape. »
L’argent doit servir à subventionner des activités pour faire revivre la race des chiens inuits – les qimmiit –, presque disparus lors des abattages, mais aussi à indemniser les individus affectés par ceux-ci.
Une course contre l’extinction
Les initiatives en gestation s’ajouteront à Ivakkak, la course annuelle de chiens de traineaux, où ne sont admis que les qimmiit de race pure et qui a été au cœur de leur résurrection. La prochaine édition aura lieu en janvier 2025.
« La course a été initialement lancée vers 2000 et ça a été un très très grand succès pour nous, assure le vice-président de Makivvik, qui organise l’évènement. Différentes équipes partagent leurs chiots […] alors de nouvelles équipes peuvent se former. C’est un réseau de personnes qui ont beaucoup de connaissances dans les chiens et […] collaborent les unes avec les autres […] ; Parfois, elles sont dans une communauté où il y a, par exemple, beaucoup de baleines ou de phoques, alors elles envoient à leurs amis de la graisse pour nourrir les chiens l’hiver. »
Nouvelles initiatives
Parmi les nouvelles initiatives que Makivvik travaille à mettre en place, on retrouve la création et le support d’équipages de chiens dans les communautés, par exemple en finançant les enclos à chiens. « Pour s’assurer que les chiens aient un endroit spécifique et qu’ils soient protégés, sans chiens de ruelle qui les harassent ou d’autres dangers », précise Andy Moorhouse.
Autre projet : un programme de financement pour permettre aux mushers d’aller dans la nature « s’approvisionner en bœuf musqué, en poisson ou en phoque pour pouvoir nourrir leurs chiens avec de la nourriture traditionnelle ». Le programme financera aussi l’achat de nourriture pour chien en magasin.
« On veut aussi mettre sur pied des programmes communautaires de fabrication d’amautiit [parkas], de harnais, de corde avec de la peau de phoque, élabore M. Moorhouse. Le plan est de présenter les programmes dans les communautés afin de s’assurer que le savoir traditionnel soit transmis à la nouvelle génération. »
Il précise que plusieurs communautés ont aussi leurs propres initiatives.
Inventaire
Un inventaire de la population de chiens inuits de pure race est à venir. «Nous apprenons des aînés à reconnaître ceux qui ne sont pas mélangés, explique Andy Moorhouse, et la prochaine étape est de s’assurer qu’on préserve chaque lignage et qu’on s’assure qu’il n’y a pas de mélange. »
En connaissance de cause
Le 23 novembre 2024, le ministre des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada (RCAANC), Gary Anandasangaree, a présenté les excuses du gouvernement fédéral au Centre Communautaire de Kangiqsujuaq.
« […] Les autorités fédérales savaient que les chiens étaient essentiels aux Inuits pour se rendre dans les camps et chasser, a dit M. Anandasangareee. […] La GRC était utilisée pour surveiller et appliquer les politiques fédérales qui perturbaient les modes de vie traditionnels et contribuaient à la marginalisation systémique des Inuits. […] Les responsables fédéraux savaient que le massacre de chiens avait lieu et ont permis qu’il se poursuive, conscients que le mode de vie, la santé et le bienêtre des Inuits dépendaient des chiens. »
M. Andasangaree s’est également excusé pour un rapport de la GRC datant de 2006, qui concluait n’avoir trouvé aucune preuve « à l’appui des allégations selon lesquelles un abattage massif organisé de chiens de traineau inuits par des membres de la GRC aurait eu lieu au Nunavik et au Nunavut entre 1950 et 1970, à la demande du gouvernement ou de la propre initiative de la GRC ».
Makivvik demandait officiellement des excuses et du financement depuis 1999.
« En 2019, le gouvernement du Canada a présenté des excuses officielles aux Inuits du Qikiqtani », pour les mêmes actions, écrit un porte-parole du RCAANC, qui ne peut préciser si le Nunatsiavut a fait ou fera l’objet d’excuses.
Posts similaires
Voir toutLe Réseau TNO Santé a exprimé ses préoccupations face à l'avis public et appelle à de nouvelles approches en matière de recrutement
Comments