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Photo du rédacteurCristiano Pereira

Près de 200 enfants sans bus scolaire

Le début de l’année est devenu difficile pour plus d’une centaine de familles de Yellowknife qui ont soudainement perdu leur bus scolaire.


En trois semaines, trois lignes de bus ont été annulées en raison d’un manque de chauffeurs. La situation concerne plus de 150 élèves et il n’y a, pour l’instant, aucune solution définitive. Parmi ces enfants, 36 fréquentent Allain St-Cyr.


« Ça cause de la frustration. Les gens ont dû changer les horaires de travail pour pouvoir conduire leurs enfants », commente la directrice générale de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO), Yvonne Careen.


La première à être annulée est la ligne 10, qui dessert le vieux Yellowknife et Latham Island. Le 28 décembre, des dizaines de parents ont reçu un courriel les informant de l’annulation de la ligne pour une durée indéterminée. Quelques jours plus tard, le 6 janvier, la même chose s’est produite sur la ligne 12. Enfin, cette semaine, le 13 janvier, l’annulation de la ligne 9 a été annoncée. Il est possible que la situation s’aggrave dans les jours à venir, avec l’annulation d’autres liaisons. La raison est toujours la même : le manque de conducteurs.


La gestionnaire de First Transit à Yellowknife, Nancy Marchiori, a assuré à Médias ténois que la pénurie de chauffeurs de bus scolaires n’est pas un problème récent et qu’elle recherche « continuellement des chauffeurs depuis des années, mais les postes de chauffeurs de bus scolaires sont généralement très difficiles à remplir ». La responsable a noté qu’« il y a une pénurie dans tout le Canada, donc nous la ressentons aussi ici ».


Le problème semble structurel : le travail d’un chauffeur de bus scolaire est limité, à temps partiel, avec, à peine, quelques heures par jour. De plus, les horaires sont répartis entre deux heures le matin et deux autres l’après-midi, ce qui laisse peu d’ouverture pour la recherche d’un second emploi. À cela s’ajoute un salaire peu attrayant – 27 $ l’heure – pour le cout de la vie à Yellowknife. Le résultat est que peu de personnes acceptent de travailler dans ces conditions.


La situation concerne plus de 150 élèves et il n’y a, pour l’instant, aucune solution définitive. Parmi ces enfants, 36 fréquentent Allain St-Cyr. (Crédit photo : Cristiano Pereira)


« C’est difficile de vivre à Yellowknife avec un salaire à temps partiel et les horaires ne sont pas très attractifs pour les personnes », admet Nancy Marchiori. Yvonne Careen a la même opinion : « Un travail de 4 heures par jour avec un salaire pas très élevé, c’est pas très alléchant pour la grande majorité des gens qui viennent vivre ici ou le cout de vie est cher ».


La responsable de la gestion des bus scolaires à Yellowknife est à la recherche de solutions avec les directions des trois commissions scolaires. Il y a de nombreuses options sur la table.


Jameel Aziz, directeur général de l’Administration scolaire de district No 1 de Yellowknife, dit que l’une des solutions considérées est « doubler les lignes de bus le matin ». Et il essaie d’expliquer : « En gros, il s’agira de demander aux conducteurs de faire leur trajet habituel, puis de revenir et de faire un deuxième trajet sur les routes concernées ».


Mais la solution ne semble pas idéale, note-t-il. « Cela signifie que ces élèves seront récupérés une heure plus tard que d’habitude, ce qui n’est évidemment pas la solution idéale pour les parents, car ils devraient rester avec leurs enfants une heure plus tard ».


« Il n’y a pas une solution magique », considère Yvonne Careen. Nancy Marchiori, à son tour, mentionne une autre hypothèse à considérer : établir une liste d’élèves plus prioritaires que les autres en fonction de la distance qui les sépare de l’école. Les élèves qui habitent le plus loin auront la priorité sur ceux qui habitent à quelques centaines de mètres de l’école. « Cela pourra être l’une des solutions, mais je ne sais pas encore quel sera l’impact », affirme-t-elle.


Jameel Aziz mentionne que la résolution du problème sera de travailler surtout dans « le recrutement, la subvention des salaires et l’ajout d’heures aux horaires afin de rendre les emplois plus attrayants ». Il souligne toutefois qu’il faudra que cette solution fasse l’unanimité entre toutes les parties concernées. « Il doit y avoir un accord entre les 3 districts scolaires et nous devons voir si ces choses sont faisables. Si nous augmentons les salaires, nous devrons savoir si nous allons faire payer les gens plus chers ou si nous allons demander plus de fonds au gouvernement ».


Le directeur général de l’Administration scolaire de district No 1 de Yellowknife dit être conscient qu’il existe « beaucoup de frustration » et que « les gens veulent une réponse immédiate ». Il note que malgré le scénario « nous n’avons pas d’enfants qui manquent l’école », mais il se dit sensible au dérangement causé aux familles. « Cela affecte certainement le travail quotidien des parents ».


La mère d’une élève a accepté de partager son expérience avec les Médias ténois sous réserve d’anonymat. Elle commence par critiquer le retard dans la réaction des parties concernées depuis l’annonce de la première annulation. « Les districts scolaires et First Transit ne se sont pas rencontrés avant le 12 janvier, ce qui signifie que deux semaines ont été perdues sans que personne ne cherche de solutions alors que les familles se démènent pour amener leurs enfants à l’école et à la maison. Je ne pense pas que les parties prenantes agissent assez rapidement pour régler ce problème », a-t-elle écrit à Média ténois.


La mère, qui vit seule avec l’enfant, raconte que sa vie a beaucoup changé depuis le début du mois de janvier. Avant, elle n’utilisait pas de voiture pour se rendre au travail, mais maintenant elle est obligée de le faire et de payer le stationnement pendant la journée. À l’après-midi, elle récupère sa fille et l’emmène au bureau. « Il est impossible de prendre des réunions après 15 heures », regrette-t-elle. L’absence de bus signifie qu’elle perd environ 1,5 à 2 heures par jour au bureau. « Je me retrouve à travailler le soir tous les soirs pour rattraper mon retard. J’ai vraiment de la chance que cela n’ait pas affecté mes revenus, mais ma santé mentale en souffre énormément », confie la mère.


« Je suis constamment stressée et je ne peux pas faire de pause pendant le peu de temps que je passe au bureau. Je me sens coupable de quitter le travail à quinze heures tous les jours, mais je suis un parent isolé qui n’a pas d’autre choix ». Elle note aussi que son cas n’est pas extraordinaire. « Les autres parents ont des difficultés. Tout le monde doit quitter le travail plus tôt, annuler des réunions importantes (ce qui affecte indirectement l’économie à une certaine échelle) et réduire les heures de bureau ».


La mère estime qu’il existe de nombreuses solutions viables « mais il ne semble pas y avoir de mouvement ». Et elle avance une idée : « Une première étape consisterait à répartir uniformément les fermetures. Tout le monde a un jour par semaine ou deux sans service au lieu d’annuler des lignes entières ».

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