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Portrait du joueur

Denis Lord

Bluff, mathématiques, intelligence et même un peu d’argent, le Knifien Michel Legault sort ses grands atouts quand il joue au poker.


L’Aquilon l’a rencontré alors qu’il revenait des Séries mondiales qui se déroulent annuellement à Las Vegas. Quand les tournois commencent, surtout, c’est une atmosphère fébrile, raconte Legault.


« C’est vraiment comme du bétail, comme une marée humaine. Tout le monde se marche dessus, commente le traducteur. Mais à mesure que les tournois avancent, il y a moins de monde. Tu as un peu plus d’air. »


« On jase avec ses voisins de table, du small talk, tout le monde qui m’a parlé connait maintenant Yellowknife. Mais ce ne sont pas des grandes amitiés, poursuit le joueur. Le but c’est de tromper. Je regarde beaucoup les gens, leur dynamique; ça donne beaucoup d’informations. Ça peut être un tic dans le visage quand la personne bluffe, les poils qui montent sur les bras… »

Lui-même compose son personnage de joueur, en changeant parfois pour déstabiliser ses adversaires. « C’est du théâtre », dit-il.


Gagner, perdre


Au poker, il y a de bons jours et de moins. Michel Legault affirme avoir déjà gagné 30 000 $, avoir fini 200e dans un tournoi de 2200 joueurs, ce qui avait payé son voyage.


À Vegas cette année, où il a consacré trois journées entières au jeu, les résultats n’ont pas été bons.


« J’ai perdu contre un gars qui avait environ 8 % de chance de me battre explique-t-il. Les gens me disent des fois que c’est juste la chance, mais quand t’es un bon joueur, à long terme, tu réduis les chances de te faire pincer et tu vas pincer de plus en plus les gens qui ne savent pas jouer. Il y a des gens qui avancent des pourcentages, certains disent que c’est 60 % d’expérience, 40 % de chance. Ça dépend avec qui tu joues, ça dépend aussi du montant que tu mets. Si tu joues avec des amis un vendredi soir et que chacun met 5 $, le coefficient dechance monte parce que les gens vont être plus lousse avec leur argent. Mais si t’as mis 1000 $, tu vas y penser deux fois avant de le risquer sur un seul call. »

Savoir compter, savoir bluffer


Le poker, c’est donc de la chance, mais aussi des maths et un peu de théâtre. « C’est super-cérébral », assure Legault, qui affectionne particulièrement le style Texas Hold’em.


« C’est le plus populaire, précise-t-il. Beaucoup disent aussi que c’est la forme la plus pure de poker. Il y a beaucoup de calculs de probabilité. Est-ce que j’ai environ une chance sur 10 d’attraper ma carte? Est-ce que je vais mettre tout mon tournoi là-dessus? Tu calcules. »« Il y a aussi le bluff. Il faut que tu sois capable de passer un bluff au bon moment. Pas bluffer tout le temps, tu vas te faire pogner. L’idée, c’est de garder mon visage impassible parce que je sais que mon tournoi risque de se terminer et que je n’ai rien dans mes mains. »





La ligne d’arrivée


Michel Legault joue au poker depuis qu’il a douze ans. Il lie sa fascination pour ce jeu à une de ses premières lectures, le roman dystopique Marche ou crève, de Stephen King. Dans ce récit, 100 concurrents doivent marcher sans interruption jour et nuit sous peine d’être abattus. Le dernier debout remporte la mise.


« C’est un peu l’idée, explique Legault. Là, tu vois l’horloge au tableau, puis tu vois les joueurs être éliminés. Tu te dis, OK, j’avance, j’avance, je m’approche, les gens tombent comme des mouches, ils se lèvent, les tables rétrécissent… Il y a un côté élimination qui vient vraiment de ce livre, l’idée d’avancer dans un tournoi parce que les gens qui tombent s’en vont. Tu as un incitatif, tu te dis “je m’approche de l’argent”.Il se rappelle avoir participé à un tournoi doté d’une bourse de 12 M$. “J’étais à Montréal sur ma terrasse, raconte-t-il. J’ai fini 200e. J’ai gagné 4 000 $. Mais, si je [me] rendais deux rangs plus loin, je tombais dans les 10 000 $. Ensuite, tu t’approches du million…”


Être raisonnable


Les joueurs dépensent souvent leur argent sans se poser de question parce qu’ils ont l’impression qu’il tombe du ciel.Legault n’encourage pas les gens à jouer au-dessus de leur moyen. Pour participer à son tournoi de poker de Vegas, il a, dit-il, patiemment ramassé son argent. 

“Si tu as 100 $ de loisirs par mois et que tu joues avec tes amis le vendredi soir, c’est sain, mais si après tu vas chercher 1000 $, tu t’en vas dans un bar jouer aux machines, c’est là que devient malsain. Depuis que je joue au poker, j’ai tout vu, j’ai vu des gens perdre l’argent de leur loyer. Je ne fais pas l’apologie du jeu. Il faut toujours jouer en fonction de son budget. J’ai perdu à Las Vegas, mais j’irai l’année prochaine, ça ne m’empêche pas de payer mon loyer, de bien vivre, de prendre d’autres vacances. »


Le meilleur film de poker au monde pour Michel Legault


Dernier tour de table (Rounders ou Les joueurs), avec Matt Damon, Edward Norton, John Malkovich “L’histoire est excellente, observe Michel Legault. Il y a même des gens qui analysentles mains du film, ce sont des vraies mains.”

Phrase célèbre : Si tu n’as pas identifié le pigeon à la table au bout de dix minutes, c’est toi le pigeon.





Les propos de Michel Legault ont été édités pour en faciliter la lecture.

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