Monique Smith : Inspirer, former, transformer
Une femme engagée qui aide la jeunesse nordique à se dépasser.
IJL – Réseau. Presse – L’Aquilon

Monique Smith à Ulukhaktok, où elle entraine de jeunes athlètes et transmet sa passion pour la lutte et le mentorat. (photo courtoisie)
« Je suis vraiment passionnée par l’idée que chaque personne doit savoir qu’elle a de la valeur et qu’elle compte. Et qu’elle est - je vais même utiliser ce mot - créée pour accomplir quelque chose ».
C’est avec ces mots que Monique Smith s’est confiée à Médias ténois, soulignant ce qui la motive dans son engagement auprès des jeunes des communautés autochtones du Nord. Qu’elle soit conseillère auprès des jeunes, entraineuse de lutte ou mentore pour de futurs leadeurs, son objectif reste le même : donner aux jeunes les moyens et la confiance nécessaires pour façonner leur propre avenir. Alors que la Journée internationale des droits des femmes met en avant les contributions féminines à travers le monde, l’histoire de Monique Smith est un véritable témoignage de la puissance du mentorat, de la résilience et de l’impact durable d’un engagement auprès des jeunes.
Avec une formation en santé mentale et une passion profonde pour l’autonomisation des jeunes, Mme Smith a consacré sa carrière aux régions les plus isolées du Canada. Basée à Calgary, elle se rend régulièrement dans les communautés de Gamètì et Wekweètì, dans la région Tłɨchǝ des Territoires du Nord-Ouest, où elle travaille comme conseillère scolaire. Ancienne lutteuse de niveau universitaire, elle est aussi l’initiatrice des programmes de lutte dans le Nord.
Son parcours auprès des jeunes autochtones a débuté en 2018, presque par hasard.
« Une amie m’a appelée et m’a dit : " Monique, j’ai un emploi pour toi " et j’ai répondu : " Eh bien, j’ai déjà plusieurs emplois ", » raconte-t-elle.
Mais après avoir découvert l’opportunité de travailler dans le Nord, elle a su qu’elle devait tenter l’expérience.
« En tant que personne du Sud, j’ai beaucoup appris en cours de route. C’était complètement nouveau pour moi de passer d’une vie dans le Sud à consacrer la moitié de mon temps au Nord, à raison de deux semaines par mois durant l’année scolaire ».
Monique Smith voit dans la lutte bien plus qu’un sport : pour elle, c’est un outil puissant pour améliorer la santé mentale et renforcer la résilience.
« C’est un sport très vulnérable, explique-t-elle. On est face à face avec un adversaire. L’objectif est de le déséquilibrer pour obtenir un tombé, tout en essayant d’éviter d’être soi-même déséquilibré. L’idée n’est pas de blesser l’autre, mais d’affronter un défi tout en apprenant à jouer ensemble ».
À travers ce sport, elle enseigne aux jeunes l’importance d’accepter l’inconfort.
« Je dis souvent à mes athlètes qu’il faut apprendre à être confortablement inconfortable et le but est d’apprendre à gérer l’inconfort en toute sécurité, car c’est ainsi que l’on grandit ».

Monique Smith aux côtés de deux athlètes de Team NT, fièrement rassemblés sous leur drapeau lors des Arctic Winter Games 2023 à Fort McMurray. (photo courtoisie)
Au-delà des aspects physiques, Mme Smith met aussi en avant les bienfaits de l’activité physique sur la santé mentale, notamment pour les jeunes ayant vécu des traumatismes.
« On sait que le mouvement aide à traiter les traumatismes. Lorsqu’une personne a vécu des épreuves, bouger peut l’aider à libérer ces tensions ancrées dans le corps ».
La lutte étant peu connue dans ces régions, les jeunes peuvent être réticents au départ, surtout en raison du contact physique qu’elle implique.
« Au début, ils se demandent ce que ça signifie de toucher quelqu’un d’autre. C’est un sport de contact, et cela peut paraitre étrange pour certains. S’ils ne sont pas habitués à se chamailler avec leurs frères et sœurs, ils doivent s’adapter à cette idée. Mais ensuite, ils se rendent compte que c’est amusant, et ils se lancent ».
L’une de ses plus grandes préoccupations est la pérennité des programmes qu’elle met en place.
« Ma passion, c’est de former des entraineurs autochtones qui, à leur tour, pourront former d’autres entraineurs autochtones », explique-t-elle.
« Traditionnellement, la durabilité n’a pas toujours été assurée dans le Nord. Quelqu’un du Sud arrive, monte un programme, puis repart, et tout s’arrête ».
Ses efforts pour développer le leadeurship dans le Nord ne s’arrêtent pas à la lutte. Elle a récemment soumis une demande de subvention pour un programme de mentorat et d’accompagnement par les pairs, afin de créer des opportunités durables pour les jeunes.
« L’idée, c’est que nous sommes tous des leadeurs, dit-elle. Un entraineur peut en former un autre. Un athlète peut à son tour accompagner un autre athlète. Mais la vraie question est de savoir comment donner aux gens les moyens de s’autonomiser par le mentorat ».
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