Les recherches des restes de l’objet volant abattu au Yukon sont suspendues
Le général Wayne Eyre (à gauche), chef d’état-major de la Défense, en présence de Mme Jody Thomas, sous-ministre de la Défense nationale, de l’honorable Anita Anand, ministre de la Défense nationale et du général Glen VanHerck, commandant du NORAD.
Les recherches de débris de l’objet volant se trouvant illégalement dans l’espace aérien canadien, abattu le 11 février 2023 dans le territoire du Yukon, ont été suspendues le 17 février 2023. La Gendarmerie royale du Canada, qui a mené ces recherches en collaboration avec les Forces armées canadiennes, a indiqué que « la zone de recherche la plus probable où l’objet aurait chuté a été fouillée et les débris n’ont pas été localisés ».
Selon le général Wayne Eyre, chef d’état-major de la Défense, les recherches ont été particulièrement complexes en raison de la géographie et des conditions atmosphériques.
« Les efforts pour localiser et récupérer ce que nous pouvons maintenant caractériser comme un ballon suspect sont particulièrement difficiles dans la région montagneuse éloignée avec de la neige épaisse, un risque d’avalanche et des conditions météorologiques difficiles, » a-t-il indiqué dans un micromessage le 15 février 2023 alors que les recherches se poursuivaient.
Malgré plusieurs demandes de l’Aquilon, la GRC n’a pas souhaité donner davantage d’informations ni communiquer sur une éventuelle reprise des recherches des débris au printemps avec la fonte de la neige.
Pour le major Olivier Gallant, porte-parole canadien du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), toute menace est prise au sérieux : « ce qui apparait sur nos radars comme des objets d’intérêt, que ce soient des avions militaires russes qui s’approchent de la zone d’identification aérienne, ou que ce soient des objets qui sont impossibles à identifier, on prend ça au sérieux, car c’est la mission du NORAD. »
L’objet abattu au Yukon est le troisième d’une série de quatre d’objets volants abattus aux États-Unis et au Canada durant le mois de février 2023. Seul le premier objet détecté en Caroline du Sud le 4 février a été caractérisé « comme un ballon de surveillance en haute altitude, précise M. Gallant, et il est impossible d’attribuer les trois autres objets à un pays quelconque ni de déterminer leur origine, » poursuit-il.
Surveillance accrue de l’espace aérien
Après l’abattage du ballon d’espionnage chinois en Caroline du Sud, le NORAD a modifié les systèmes de paramétrage de ses radars afin de surveiller de façon plus pointue l’espace aérien nord-américain, dans un souci de sécurité. C’est pour cette raison que l’objet de forme cylindrique volant illégalement dans l’espace aérien canadien a été détecté, mais il n’est cependant pas considéré comme un objet suspicieux par la GRC.
« Compte tenu (…) de la probabilité décroissante que l’objet soit trouvé et de la conviction actuelle que l’objet n’est pas lié à un scénario justifiant des efforts de recherche extraordinaires, la GRC met fin aux recherches, » peut-on lire dans un communiqué de presse le 17 février 2023.
Modernisation du NORAD : un projet aux couts très élevés
Pour Dr Andrea Charron, directrice du Centre d’études en défense et sécurité et professeure associée de l’Université du Manitoba à Winnipeg, ces évènements n’apportent pas de changements en matière de perception du traitement pour la sécurité en Arctique. Cependant la situation demeure préoccupante, car « il est vraiment évident que le Canada et les États-Unis, par l’intermédiaire du NORAD, ont besoin de nouveaux systèmes de radar pour s’assurer qu’ils ont une image aérienne complète de ce qui se passe aujourd’hui, » indique-t-elle. En plus de la logistique qui entoure une telle action, abattre un objet aérien est très dispendieux, précise la directrice.
En juin 2022, le gouvernement fédéral avait annoncé un financement pour les capacités de défense continentale du Canada, notamment pour la modernisation du NORAD dont les radars sont aujourd’hui obsolètes. Afin d’améliorer les capacités à détecter les menaces plus rapidement, avec une précision accrue et par l’acquisition de nouveaux systèmes de surveillance, un financement de plus de 6 milliards $ de l’exercice 2022-2023 à l’exercice 2041-2042, parmi d’autres financements alloués à la Défense, avait été annoncé. Néanmoins, Mme Charron trouve la situation préoccupante.
« Nous ne savons toujours pas combien les États-Unis contribueront et je m’inquiète un peu de la capacité du Canada à dépenser cette somme d’argent, car c’est un projet énorme dont nous parlons. Ce ne sont pas seulement les systèmes de radars nécessaires, on parle d’un processus long et compliqué […] et nous avons besoin de l’accomplir plutôt tôt que tard. La dernière chose que nous voulons est de dépenser beaucoup d’argent pour un système mal conçu ou obsolète parce qu’il est mal positionné. Nous devons nous assurer que nous réfléchissons correctement, » conclut-elle.
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