La glace se prépare pour les 30 ans du château de neige
Une tradition hivernale qui rassemble la communauté autour d’un projet éphémère, mais emblématique.
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
Sur la surface blanche de la baie de Yellowknife on aperçoit deux rectangles grisâtres et une agitation humaine autour : dans l’air résonne le son des grandes scies coupant la glace, et, à un rythme répétitif, de grands blocs sont extraits puis transportés, un par un 100 mètres plus loin. Le processus est répété deux fois par semaine sur une période de quatre à cinq semaines.

Dans trois mois commencera la 30e édition du festival Snowking. Sur la baie de Yellowknife, les blocs de glace commencent déjà à être découpés et dès le 1er janvier, le travail de construction s’intensifiera. (Photo Cristiano Pereira)
C’est ainsi chaque année, entre novembre et décembre, pour la première phase de la construction d’un nouveau château de neige. En mars, commencera une nouvelle édition du festival Snowking, marquant cette année un chiffre rond : 30 ans. Mais d’ici là, il reste encore beaucoup de travail à faire.

Anthony Foliot, alias Snowking, perfectionne la forme des blocs de glace avant qu’ils soient entreposés à quelques mètres de l’emplacement du futur chateau. (Photo Cristiano Pereira)
La coupe des blocs de glace est une opération délicate. Cette année, en raison des températures plus douces en octobre et novembre, la récolte a démarré tardivement. « La glace est bonne en ce moment, mais elle a pris du temps à figer », raconte Patrice Tremblay, l’un des ouvriers dans cette tâche glaciale.

Avec plus de 10 années d’engagement dans le château, Patrice Tremblay met en lumière l’esprit collectif et la passion pour l’hiver qui animent cette folie annuelle et représentative de la communauté. (Photo Cristiano Pereira)
Les parallélépipèdes givrés sont stockés sur la berge en attendant leur utilisation. « Ces blocs servent principalement à fabriquer les fenêtres du château, mais aussi des glissades et quelques sculptures décoratives », précise M. Tremblay. La construction du château, quant à elle, débute le 1er janvier, une tradition immuable.
Sa Majesté Anthony Foliot, alias Snowking, le souverain de ce royaume hivernal, raconte que cette année se tourne vers un concept médiéval. « Nous visons quelque chose de solide et traditionnel, rappelant les châteaux du passé », dit-il avec enthousiasme, tout en lissant les blocs de glace avec une sorte de grande lame.
La sécurité est au cœur du processus de récolte de glace, assure le Roi, soulignant l’importance de nettoyer régulièrement la neige pour favoriser le gel. « Nous attendons que la glace atteigne vingt pouces avant de poser des charges lourdes, car trop de poids peut fissurer la glace et faire remonter l’eau », précise-t-il.
Ryan McCord, surnommé Joe Snow, est une figure emblématique de la construction du château de neige à Yellowknife. Artiste et musicien, il participe à ce projet depuis 2003, apportant chaque année sa créativité et son expertise.

Pour Ryan McCord, surnommé Joe Snow, le plaisir de ces constructions réside dans leur caractère éphémère, qui rend le processus de création libérateur. (Photo Cristiano Pereira)
Pour M. McCord, le vrai plaisir réside dans la nature éphémère de ces constructions. « Ce que j’aime, c’est qu’on crée quelque chose de beau, mais qui finit par disparaitre. Ça rend le processus libérateur », dit-il avec enthousiasme. Malgré les défis physiques et le froid intense, il note : « C’est une fatigue satisfaisante, le sentiment d’accomplir quelque chose d’important ».
Pour Patrice Tremblay, ce projet va bien au-delà de l’effort physique. « Avec la gang, souvent les mêmes personnes, c’est toujours le même plaisir », dit-il avec enthousiasme. Bien qu’il y ait chaque année quelques nouvelles recrues, le noyau dur reste fidèle, créant une ambiance de camaraderie unique. Ce château, érigé dans des conditions extrêmes, n’est pas seulement une prouesse technique. Il incarne un esprit collectif et un amour pour l’hiver, rassemblant une communauté autour d’un projet aussi éphémère qu’emblématique.
Arrivé à Yellowknife en aout, Jean-François Romain découvre avec enthousiasme la vie dans le Grand Nord canadien. Originaire du nord de l’Ontario, il s’est rapidement intégré à l’équipe du château de Neige.
« La semaine passée, c’était ma première semaine. On a coupé des gros blocs de glace. C’était quelque chose de fantastique », raconte-t-il.
Motivé par l’envie de rencontrer des gens et de s’investir physiquement, il se dit prêt à participer à toutes les étapes du projet, malgré les températures extrêmes. « Ça me rappelle beaucoup le nord de l’Ontario, mais beaucoup plus froid », plaisante-t-il, tout en reconnaissant l’importance de ses gants en peau de castor pour affronter les rigueurs du climat.
Avant l’ouverture officielle du château, prévue pour le 1er mars, se tiendra la 9e édition du symposium de sculptures sur neige. Cette année, une dizaine d’équipes locales et internationales se disputent le trophée, avec des participants déjà confirmés en provenance des États-Unis, de la France, de l’Espagne et de l’Ukraine.
La programmation des évènements sera annoncée dans les semaines à venir.
Entretemps, l’équipe du Snowking rappelle au public d’éviter de marcher dans la zone du château en raison des trous restant béants sur la glace.
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