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La désinformation menace-t-elle la démocratie ?

Photo du rédacteur: Nelly GuidiciNelly Guidici

C’est au terme de 15 mois d’enquête que la Commission a rendu, le 28 janvier 2025, son rapport final sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques du Canada. 



Pour Chris Tenove, directeur adjoint du Centre d’étude des institutions démocratiques

de l’université de Colombie-Britannique à Vancouver, les citoyens

devraient avoir accès à des informations fiables et exactes en tout temps.

(Photo School of Public Policy and Global Affairs, UBC)


Dans le cadre de cette enquête, plus d’une centaine de témoins ont été entendus au cours de 39 jours d’audiences publiques et 18 jours d’audiences à huis clos. 52 000 documents, dont 47 000 reçus du gouvernement du Canada, ont été fournis ; 78,5 % de ces documents étaient classifiés. Enfin, la Commission a entendu plus de 60 experts et membres de la diaspora lors d’une série de panels et de tables rondes sur les politiques.


Lors de la publication du rapport, l’honorable Marie-Josée Hogue, à la tête de cette commission, a constaté que l’ingérence étrangère n’est pas nouvelle, mais que les tentatives d’ingérence ont augmenté et que les moyens et les méthodes ont changé. Cependant, même si la Commissaire Hogue a constaté la robustesse des institutions démocratiques face aux tentatives d’ingérence dans le passé, il est nécessaire de rester en alerte selon elle. 


« L’ingérence étrangère ne sera jamais complètement éradiquée, et il sera toujours nécessaire d’être vigilant et de la contrer. Les démocraties à travers le monde font l’objet d’attaques de toutes sortes, et les moyens technologiques à la disposition des acteurs malveillants se multiplient », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse le 28 janvier 2025. 


Des défaillances relevées dans les élections passées


Dans les conclusions, il est indiqué que des ingérences étrangères ont eu lieu pendant les élections passées, mais sans affecter l’intégrité du système électoral ou l’identité du parti au pouvoir. Par ailleurs, les processus de transmission d’informations au gouvernement ont connu des défaillances, notamment des retards dans la réception de rapports critiques par les autorités concernées. Cependant, ces manquements semblent liés à des déficiences systémiques, et non à une mauvaise foi. Une réorganisation du système a été mise en place depuis et des efforts ont été faits pour renforcer la protection des processus électoraux, notamment avec la création d’un plan de protection de la démocratie en 2019.

Enfin le rapport souligne le problème de la désinformation décrite comme nocive et puissante. L’importance de lutter contre les campagnes de désinformation qui sont massivement relayées sur diverses plateformes numériques demeure primordiale selon Mme Hogue. 


Chris Tenove est directeur adjoint du Centre d’étude des institutions démocratiques de l’université de Colombie-Britannique à Vancouver. Il s’est dit étonné par cette déclaration de la Commissaire.


« J’ai trouvé très frappant que la désinformation soit considérée comme la plus grande menace pour les institutions démocratiques au Canada, plus encore, peut-être, que l’engagement direct d’agents étrangers auprès des élus », a-t-il annoncé lors d’une entrevue avec Médias ténois. 


La désinformation à l’ère du numérique est un problème à ne pas prendre à la légère, mais cette problématique est plus compliquée qu’elle n’y parait selon le directeur. Les campagnes de désinformation exacerbent le problème et tirent parti de la polarisation d’une information déformée. D’après lui, la solution pour renforcer les systèmes démocratiques au Canada et lutter contre la désinformation repose en partie sur l’accès à l’information vérifiée.


« Nous avons tendance à trop nous concentrer sur des incidents spécifiques où des choses fausses et trompeuses sont dites. Je pense que la véritable voie vers l’amélioration de la démocratie au Canada consiste plus généralement à améliorer l’accès, pour les citoyens, à des informations fiables et exactes afin d’améliorer notre capacité à avoir des conversations productives avec d’autres Canadiens sur des questions communes ».


Le rôle des réseaux sociaux 


Pour Stephen Dunbar, directeur général des Élections TNO, la désinformation et la mésinformation sont des problèmes cruciaux auxquels sont confrontés les organes de gestion des élections dans tout le pays. Il pointe aussi du doigt le rôle des réseaux sociaux. 


« Les médias sociaux ont le potentiel de diffuser rapidement des informations erronées qui doivent être traitées, qu’il s’agisse d’une intention malveillante ou d’une personne qui diffuse par inadvertance des informations erronées en postant de la désinformation », a-t-il précisé dans une déclaration adressée à Médias ténois le 18 février 2025. 

D’après M. Dunbar, les médias traditionnels jouent un rôle crucial en aidant les organes d’administration des élections à diffuser des informations correctes et sont une partie prenante essentielle pour la bonne tenue des élections dans les TNO. 


Alors que la date des prochaines élections fédérales reste indéterminée, Chris Tenove rappelle que les 51 recommandations du rapport ne pourront pas être mises en place à temps. Par ailleurs, il estime qu’il y a un problème de transparence des informations reléguées sur les réseaux sociaux. Mark Zuckerberg a annoncé le 7 janvier 2025, vouloir rétablir la liberté d’expression en supprimant la vérification des faits sur les réseaux Facebook et Instagram. Elon Musk, propriétaire de la plateforme X, soutient ouvertement les objectifs du gouvernement américain, notamment certaines affirmations de Donald Trump sur son désir d’annexer le Canada et de poursuivre une guerre économique avec le Canada.


« Il y a donc différents développements qui vont rendre l’environnement en ligne pour les prochaines élections au Canada plus toxique, plus vulnérable aux informations fausses et trompeuses ».


Selon Jordan Owens, directrice des communications au gouvernement du Yukon, chaque citoyen peut contribuer au renforcement des institutions démocratiques en examinant la source et la validité des informations trouvées en ligne. Faire preuve de prudence avant de relayer une information est l’une des actions concrètes que chacun peut mettre en place selon Mme Owen. 


Les huit dernières recommandations du rapport concernent la littératie numérique et médiatique ainsi que la protection de l’intégrité de l’information en ligne. Il est notamment question de la création d’outils afin que les organisations de la société civile (telles que les observatoires des médias et les universités) et les citoyens puissent vérifier si du contenu numérique est fabriqué ou modifié. 



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