L’aube du modernisme dans la musique classique 27 & 28
Oscar Aguirre
À Claude Debussy et Gustav Mahler s’ajoute un nom qui se fera connaitre dans le modernisme, en provenance du Pays basque français : Maurice Ravel.
Maurice Ravel nait en 1875 à Ciboure, petit village situé dans la commune française de Saint-Jean-de-Luz, à l’extrême sud-ouest de la France, non loin de la frontière espagnole. Ce village fait partie des Pays basques, qui sont comprennent sept régions : quatre au sud des Pyrénées et trois au nord. Ciboure fait partie de la région-province du Labourd. Environ 20 % de sa population parle l’euskara, langue standardisée en 1960 comme langue basque.
Deux grandes traditions culturelles européennes sont proéminentes dans la famille de Maurice Ravel. La première est la tradition basque, transmise par sa mère, Marie Deluart. Elle appartient à une famille basque installée à Ciboure depuis le XVIIe siècle. La langue parlée dans cette région à cette époque est un dialecte qui faisait partie du basque : le navarro-lapurdian.
Ce dialecte a beaucoup été influencé par la langue d’oc parlée en Occitanie, qui était la langue des troubadours. Dans le Pays basque, les fêtes familiales et sociales étaient caractérisées par la présence des bertsolaris ; une forme de poésie orale improvisée mêlant déclamation et mélodie en rime et en vers. Plusieurs instruments folkloriques caractérisent également la musique folklorique basque. Parmi eux, on retrouve deux instruments importants : l’alboka, qui est une sorte de clarinette double jouée avec un souffle continu, et le trikiti, qui est un accordéon diatonique.
La deuxième tradition culturelle dans la famille de Ravel est transmise par son père, Joseph Ravel, dont les origines se situent en Sardaigne. Les traditions musicales de cette région se caractérisent par les chants de gorge, appelés cantu a tenore. L’instrument à vent qui ressemble à la clarinette basque est la launeddas.
En 1875, quelques mois après la naissance de Maurice Ravel à Ciboure, sa famille déménage à Paris, la Ville lumière où son père, de tradition sarde, reçoit un contrat de travail comme ingénieur. Désormais, Paris devient le foyer de sa famille.
On ne sait pas si Ravel suit une éducation scolaire dans une école primaire ou secondaire, mais il est certain que sa mère et son père l’initient à la musique vocale et aux techniques sonores transmises par les cultures basque et sarde. C’est à six ans qu’il commence à étudier le piano avec Esprit Charles Henri Ghys, célèbre pianiste d’origine belge, diplômé du Conservatoire de Paris. Sa connaissance et son savoir-faire sont enrichis par ses voyages en Belgique et à Saint-Pétersbourg avec son père, qui était violoniste. La composition la mieux connue de Henry Ghys, Amaryllis ou L’air du Roi Louis XIII, lui est dédiée. Ils deviennent amis pour la vie.
L’apprentissage du piano avec Henri Ghys dure cinq ans, jusqu’en 1887, année au cours de laquelle Ravel commence ses études en techniques de composition avec Charles Ollivier René Bibard, condisciple de Claude Debussy au Conservatoire de Paris. René Bibard a été diplômé après avoir remporté plusieurs prix en tant que pianiste et expert en composition utilisant les méthodes de fugue et de contrepoint. La méthode de fugue est une structure musicale dérivée du contrepoint, une technique d’écriture musicale où les lignes mélodiques et harmoniques se superposent. Les caractéristiques saillantes de la fugue sont que les voix – lignes mélodiques ou harmoniques jouées par un pupitre d’orchestre symphonique – s’introduisent progressivement, l’une après l’autre, et, durant le corps de la composition, elles répètent de manière entrecroisée des fragments mélodiques.
Deux des premières compositions pour piano que Ravel écrit en 1888, lorsqu’il a treize ans, sont Variations sur un thème de Grieg et Variations sur un thème de Schumann. Une année après, sur recommandations de René Bibard et de Henry Ghys, Maurice Ravel est admis au Conservatoire de Musique de Paris en 1889, une haute institution de perfectionnement où il entreprend des études dirigées par Charles de Bériot.
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