L’aube du modernisme dans la musique classique 18

La structure musicale du Prélude à l’après-midi d’un faune, écrit par Claude Debussy, est considérée comme l’une des pierres fondatrices de la musique classique moderne en raison de sa structure innovante. Cette structure est conçue pour représenter des niveaux symboliques créés par des impressions, en utilisant des gammes non tonales.

L’utilisation de gammes non tonales, tout en étant une innovation dans l’histoire de l’écriture musicale, reprend également la trajectoire des méthodes d’écriture de la période Renaissance, où le système modal était fondamental pour la composition polyphonique. Ce système, utilisé par Palestrina pour produire des œuvres polyphoniques structurées par plus de quinze voix, a suscité des réactions telles que celles de la Camerata florentine, qui le jugeait incompréhensible. Il a été remplacé à l’époque classique par le système tonal, basé sur la note sensible d’une gamme diatonique échelonnée, dominant les enseignements des conservatoires de musique jusqu’à l’émergence du système non tonal.

Dans ce contexte historique des structures de compositions musicales de la musique classique, les philosophies d’action à l’aube du modernisme, telles que le symbolisme en littérature et l’impressionnisme en peinture, ont intégré le système non tonal dans les compositions de Claude Debussy dès son jeune âge. Dès l’âge de seize ans, il trouvait les cours d’harmonie ennuyeux en raison de leur orientation tonale uniformisante. Il improvisait alors des éléments non tonaux et des changements de rythme lorsqu’il jouait des œuvres classiques au piano, suscitant ainsi des réactions de ses professeurs au Conservatoire de musique de Paris, qui rejetaient ses compositions envoyées depuis Rome comme incompréhensibles. De retour à Paris, il perfectionne sa maitrise du système non tonal et l’utilise dans ses œuvres majeures à partir de 1892.

Dans la structure musicale du Prélude à l’après-midi d’un faune, Debussy ne cherche pas à représenter un après-midi où un faune poursuivrait et charmerait des naïades avec sa musique. Il cherche plutôt à représenter le rêve que le faune fait lorsqu’il s’endort de fatigue. Cette intention le pousse à rechercher et à enchainer des phrases musicales capables de peindre dans l’imaginaire de son auditoire des scènes de rêve émergeant du silence, en utilisant progressivement le système non tonal.