Il était une fois, un « projet » devenu média de référence
« Beaucoup l’espéraient, quelques-uns en doutaient, et pourtant L’Aquilon que vous tenez dans vos mains [le démontre]. Ce petit mensuel tient bon et célèbre ce mois-ci son deuxième anniversaire sans tambour ni trompette », écrivait la rédaction du journal en 1988. Après de nombreuses parutions, L’Aquilon célèbre en 2021 ses 35 années d’existence dans le paysage francophone ténois. Retour sur l’histoire d’un média en constante évolution.
Marine Lobrieau

En 1986, un financement du Secrétariat d’État permet à l’Association culturelle franco-TéNOise (ACFT) de fonder un journal de langue française dans les Territoires du Nord-Ouest. L’Aquilon, qui tient son nom du dieu romain des vents du Nord, voit le jour.
Destinée incroyable que connaitra le journal puisque celui-ci était au départ un simple « projet » élaboré par l’ACFT. D’abord mensuel, le rythme de la publication devient bimensuel dès 1989. En moins de 10 ans, L’Aquilon poursuit son expansion et est publié toutes les semaines depuis 1993.
Les temps changent et l’ère du tout informatisé gagne du terrain. En 1988, l’équipe rédactionnelle attend l’arrivée de son matériel informatique. « [Il] devrait nous permettre de nous refaire un “nouveau visage” si l’on peut dire », écrivait la rédactrice en chef Denise Canuel. On ne pouvait mieux prédire l’évolution visuelle de L’Aquilon.
Rejoindre la francophonie par différents canaux
L’Aquilon emprunte la voie de la transformation numérique et multiplie ses supports de diffusion suivant et innovant la numérisation de l’information amorcée internationalement à la fin des années 90. En 1996, le journal est l’un des tout premiers médias francophones à proposer ses nouvelles sur le Web au Canada. Dans un éditorial de la même année, Alain Bessette avoue qu’un des bénéfices de l’ère du Net est d’avoir « aidé à éliminer plusieurs tâches ennuyeuses et dévoreuses de temps » au cours de la production hebdomadaire.
Du temps, il en a fallu, alors que c’est tout récemment que l’ensemble de ses parutions depuis 1986sont disponibles sur Internet.
Radio Taïga prend son envol en tant que projet de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY) en 2001. La station francophone œuvre avec le journal pour couvrir avec proximité l’actualité politique, sociale et culturelle à Yellowknife et aux TNO. À l’occasion de la première émission en ondes, la reporter Karine Massé écrivait : « la naissance de la petite dernière des radios communautaires s’est déroulée avec émotion ».
En 2011, Radio Taïga s’émancipe de l’AFCY et devient Société Radio Taïga animée et administrée par la même équipe que L’Aquilon. En 2021, la radio communautaire qui fête ses 20 ans continue d’être la seule station francophone qui diffuse à partir des TNO.
L’apparition des E-magazines conforte le développement multiplateforme et marque la volonté de cette salle de presse de grandir avec son lectorat et de faire évoluer ses outils de consommation de l’information. Interactif, sonore et visuel, le magazine électronique se veut connecté et moderne. « Le Nord est en constante évolution, ainsi que nos moyens de communication », soulève le directeur Maxence Jaillet tout en précisant que ce médium est une manière de « rejoindre le lecteur où il le souhaite ». En 2021, trois E-magazines ont depuis fait leur apparition sous la bannière de Médias ténois.
Fusionner et renaitre
Pour s’inscrire dans la durée, L’Aquilon s’est adapté à sa réalité logistique. Pour optimiser son rendement et sa portée, et après un rapprochement consommé de plus de 10 ans avec la radio communautaire, la fusion des deux médias communautaires franco-ténois prend forme sous l’entité Médias ténois. « Médias ténois était aussi une façon de s’affranchir, de s’élargir et de s’affirmer en tant que francophone aux Territoires du Nord-Ouest. De faire la promotion de tous les Ténois, et les situer sur la carte », explique la direction générale lors de la fusion en janvier 2021. L’Aquilon étend donc sa portée et collabore avec d’autres médias tout en utilisant différents canaux de distribution, tels que les autres salles de presse présentes dans les trois territoires. « Le journal nous apporte un rythme hebdomadaire, la radio apporte un rythme quotidien et le Web un rythme immédiat », commente le directeur, Maxence Jaillet, en entrevue avec Radio-Canada.
Car, telle est la mission de L’Aquilon : demeurer le portevoix des Ténois « qu’ils soient francophones, francophiles ou autochtones, que ce soit dans la presse écrite, à la radio, ou sur le Web »
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