Il était une fois dans L’Aquilon, deux décennies d’ondes en français
Le 14 septembre 2001, CIVR Radio Taïga entre en ondes et la communauté francophone inaugure le studio de sa toute nouvelle radio communautaire installé à la Maison Laurent-Leroux. Cette année, Radio Taïga fête ses vingt ans de diffusion francophone dans le Nord.
Marine Lobrieau
Michel Lefebvre et un groupe de bénévole fondent Radio Taïga, en 2001, à l’aide de financements du gouvernement territorial obtenus en janvier de la même année. La radio communautaire de Yellowknife se donne pour but de soutenir les musiques émergentes et indépendantes et de diffuser la voix des francophones du Nord. En mars 2001, le Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest accorde une subvention de 40 000 $ à la station. Ayant l’assurance que Patrimoine canadien accordera également un financement plus conséquent, le comité exécutif de la radio achète le matériel manquant pour commencer à diffuser sur les ondes du 103,5 FM. L’inauguration officielle, prévue pour septembre, arrive « à grands pas ». « Au revoir chantier de construction, la console est arrivée, l’installation est pratiquement complétée et les murs sont isolés. La radio francophone pourra bientôt accueillir 168 heures de diffusion en français, rien de moins ! », écrit la journaliste Karine Massé.
« À l’aide ! », crie la radio
L’an 2004 est marqué par des difficultés financières de la radio communautaire. En 2005, l’AFCY écrit une lettre sans équivoque à l’intention de la ministre du Patrimoine canadien, dans le but de sensibiliser les autorités décisionnelles sur la nécessité des financements extérieurs pour faire vivre une radio communautaire. L’Aquilon porte le message et lance l’alerte sur la situation critique que traverse Radio Taïga, seulement trois ans après sa création. « La radio est sur le point de fermer », relaie le journaliste Batiste Foisy. « Malgré le travail acharné des bénévoles, au niveau [des collectes] de fonds, nous n’arriverons jamais à amasser assez de fonds pour payer toutes les dépenses opérationnelles d’une radio communautaire en milieu minoritaire », préviennent les fondateurs. Une situation critique pourtant relevée, notamment, par le travail des bénévoles pour la survie du CIVR 103,5 FM.
Le bénévolat, l’autre nerf de la guerre
« Ce n’est pas seulement moi qui l’ai mise en ondes, beaucoup de monde a travaillé en arrière », soulève le fondateur qui rappelle le travail essentiel des bénévoles pour l’existence de Radio Taïga. Depuis 2004, Radio Taïga fonctionne à 100 % avec des bénévoles, ne comptant plus aucun employé depuis le mois de mai de cette même année. L’une des manières de perdurer est d’organiser des soirées-bénéfice pour financer la radio, mais pas seulement. « Même quand on ne vendait pas ça faisait tout de même connaitre la radio. Les gens s’arrêtaient pour en savoir plus », déclare à cette époque Alpha Sow, qui depuis 2006 était le seul salarié de la radio communautaire. « CIVR Radio Taïga a quelque chose qui lui manquait depuis bien trop longtemps, un employé », souligne le reporter Batiste Foisy. De nouvelles émissions sont également proposées cette même année.
Un but : desservir la communauté francophone et francophile ténoise
En 2011, Radio Taïga fête ses 10 ans d’ondes. Cette année marque la création de la Société Radio Taïga. Son rapprochement avec l’administration de L’Aquilon symbolise le célèbre adage « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin… » « Ensemble, nous couvrons l’actualité politique, sociale et culturelle à Yellowknife et dans les Territoires du Nord-Ouest, tout en gardant un œil sur le monde. » Depuis, les journalistes travaillent de concert pour servir la communauté.
La diffusion des contenus s’opère en simultané sur le Web à partir de 2013. Une transition importante, puisque désormais il est possible d’écouter les émissions en mode asynchrone, le contenu se diffuse largement et fait rayonner la seule radio francophone des Territoires.
Pour son 15e anniversaire, Nicolas Servel, directeur de la programmation, écrit une lettre ouverte aux Ténois pour rappeler l’importance de soutenir les initiatives communautaires pour pérenniser leur existence.
« J’ai été envoyé depuis le passé pour vous rappeler l’importance de soutenir les services francophones de communication, justement en matière de culture, d’actualités et de communauté. Bien sûr, je suis à la recherche de mes semblables. » D’ailleurs, la radio est toujours à la recherche de bénévoles pour poursuivre sa mission.
Aujourd’hui, Radio Taïga compte vingt-quatre émissions hebdomadaires et une quotidienne, un magazine d’information et plusieurs capsules en rotation, des sélections musicales variées, une présence francophone 24h/24, 7 jours sur 7, et entame sa prochaine décennie sous la chape de l’organisme communautaire Média ténois.
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