Festival Snowking : les travaux sont déjà en cours
Il reste trois mois avant le début de la 28e édition du festival Snowking. Sur la baie de Yellowknife, on peut déjà apercevoir des blocs de glace se faire couper. À partir du 1er janvier, le rythme de travail sera plus intense. Le roi se réjouit du retour à la normale après deux ans de pandémie.
Texte et photos par Cristiano Peireira
« Ce n’est que la première étape », rapporte Byron Fitzky, alias King Blizzard, l’un des monarques du château. « On commence à couper la glace dès qu’elle est suffisamment épaisse pour se tenir dessus, normalement, lorsqu’elle fait entre six et dix pouces d’épaisseur », explique-t-il. En ces derniers jours de novembre, la glace fait plus de six pouces et demi, mais il ne faudra pas longtemps avant de la voir gagner en épaisseur. L’idée est de continuer à couper et à disposer les blocs à proximité « jusqu’à ce que nous arrivions à 400 panneaux ou plus ».
Au cours des derniers jours, près de 200 blocs de glace ont été coupés « mais la plupart d’entre eux sont flous, car ils ont gelé pendant qu’il neigeait. On peut les utiliser, mais ce n’est pas idéal pour les fenêtres, parce que nous ne pouvons pas voir à travers eux », observe King Blizzard.
En tant que tels, les blocs de glace doivent être utilisés pour les hauts de tables, les murs, les escaliers ou d’autres endroits où la transparence n’est pas nécessaire. « J’espère que nous aurons un bon gel clair, afin que nous puissions obtenir de beaux panneaux de glace que nous utiliserons pour nos fenêtres », prévoit M. Fitzky, au sujet des de la température des prochaines semaines.
Le Festival Snowking ouvre ses portes au public le 1er mars, mais il reste encore beaucoup à faire. Normalement, le rythme de travail est plus intense après le réveillon de Noël. « Il faut attendre que la glace soit suffisamment épaisse, on le prévoit le 1er janvier, afin de pouvoir rouler dessus et dégager la zone où nous allons construire le château. C’est là que nous commençons à bâtir les salles, les tunnels et les murs ».
« Le travail est très simple », poursuit King Blizzard. « C’est physique et exigeant, mais, une fois qu’on a compris, le travail en lui-même est très simple », ajoute-t-il. Il rappelle cependant qu’« aucun de nous ne rajeunit, et [que] ça devient de plus en plus difficile pour nous, en tant qu’individus, de faire cela ».
« On commence à couper la glace dès qu’elle est suffisamment épaisse pour se tenir dessus, normalement, lorsqu’elle fait entre six et dix pouces d’épaisseur », explique Byron Fitzky.
Un travail exigeant
Construire le château demande généralement 60 jours de travail intense et acharné. Selon Byron Fitzky, la fatigue qu’accumule le corps est « le plus grand défi ». Mais c’est aussi, souligne-t-il, « la plus grosse récompense, car tu y mets tout ton travail et tu t’en ressors avec un château de glace ».
Au cours des trois dernières décennies, le Snowking Festival s’est imposé comme l’un des évènements les plus emblématiques des TNO. C’est une initiative très appréciée par la communauté. Les Ténoises et Ténois devront cependant attendre l’arrivée de mars pour pouvoir enfin se rendre au château.
La réussite est gratifiante pour l’homme à l’origine de cette activité, Anthony Foliot, alias Snowking, « Sa Majesté », le souverain de ce royaume hivernal. C’est en hochant la tête de haut en bas qu’il se livre : « C’est ma raison d’être ».
Il laisse transparaitre un visage marqué de satisfaction, en réaction à ce qu’il a créé depuis le milieu des années 1990 ainsi que du succès que connait son château aujourd’hui. Après une matinée à couper de la glace, il entre dans sa hutte, enlève sa salopette, retire sa veste, et sourit. « Je ne pense pas que je serai heureux avec un travail au gouvernement, ou quoi que ce soit d’autre, parce que ça c’est trop règlementé, dans une entreprise », dit-il. Il pointe la fenêtre, vers l’extérieur, et poursuit : « Tiens, regarde, on s’est bien amusé. Nous travaillons dur, mais nous sommes satisfaits, car nous avons fait du bon travail. C’est pour ça que nous vivons ici. Les villes dans le sud ont des Walmart, ils ont des Tim Hortons et des restaurants, mais ont-elles un château de neige ? Non. Mais on en a un ici ».
Le roi sait qu’après 27 ans, son projet a pris beaucoup d’ampleur. « Au début, nous n’étions qu’une bande de gars qui jouaient avec la neige », commente-t-il. Il se souvient que, dans les premières années, il avait eu des problèmes avec « les jeunes enfants qui se faufilaient et cassaient des choses ».
King Blizzard (Byron Fitzky, à gauche) et le Snowking (Anthony Foliot, à droite) dans leur atelier.
Désormais, garantit le Roi, il a le respect de tous. « Tous les enfants adorent ça et nous n’avons plus de problèmes ». Le Snowking estime que le plus grand défi n’est pas de couper la glace, de construire des murs ou des tours de neige, de faire des tunnels ou encore des toboggans. Le plus grand défi, avance-t-il, « est de gérer la bureaucratie ».
« C’est assurément devenu un grand site, alors, maintenant, le gouvernement veut voir des portes de taille règlementaire, des panneaux de sortie au-dessus des portes, des escaliers appropriés et toutes sortes de choses qui sont nécessaires pour un lieu public », rapporte-t-il. Le roi garantit que « nous pouvons le faire, mais ce n’est pas la même chose ». Il éprouve une certaine nostalgie du « vieux temps, où nous avions l’habitude de retirer beaucoup de choses qui étaient peut-être un peu douteuses ».
Cette édition du festival est attendue avec une impatience particulière, car elle représente le retour à la normale après deux ans de pandémie. « Il y aura un retour au modèle précovid, et nous aurons un espace intérieur pour les spectacles et les évènements communautaires », annonce King Blizzard d’un ton satisfait. À ses côtés, le Snowking se réjouit de pouvoir recevoir des personnes extérieures aux TNO. « Maintenant, nous pouvons avoir des visiteurs de l’extérieur, des groupes de musique du sud, des sculpteurs de neige internationaux. Nous avions déjà des équipes de France, d’Autriche, d’Allemagne et d’Alaska, et nous sommes heureux de pouvoir voir le retour des internationaux ».