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Eugène Roach (1976–2022), de l’Acadie aux TNO

Photo du rédacteur: Cristiano PereiraCristiano Pereira

Aimé par la communauté, Eugène Roach est décédé le 25 juillet après une longue bataille contre le cancer. Il avait 45 ans.


Sa famille, ses élèves, la francophonie ténoise et l’Acadie perdent un homme, un musicien et un enseignant en éducation physique à l’école Saint-Joseph de Yellowknife. « Nous avons été tellement chanceux de le partager avec le monde. Il était dévoué à toutes les choses de sa vie », raconte son épouse Cynthia Roach.


Eugène Roach n’a jamais fumé. Il menait une vie saine et aimait le sport. Malgré tout, en 2018, on lui a diagnostiqué un cancer du poumon. « Lorsqu’il a été diagnostiqué pour la première fois, il a décidé de ne pas laisser le cancer dominer sa vie et nous a rappelé chaque jour ce qui était important », explique Cynthia.


« Il croyait vraiment qu’il avait plus de temps, poursuit-elle, mais il était très chanceux d’avoir eu le temps qu’il avait. Au moment du premier diagnostic, en 2018, on lui a donné six mois. Il a vécu avec cette maladie pendant encore trois ans et demi. »« Nos cœurs sont brisés. Sa femme et sa fille lui manquent terriblement, ajoute Cynthia. C’est une douleur indescriptible. »


Une célébration de la vie d’Eugène aura lieu le 3 septembre à l’école catholique Weledeh. (Courtoisie Cynthia Roach)

Eugène est né le 5 décembre à Saint-Louis-de-Kent, au Nouveau-Brunswick. Jeune homme, il entreprend ses études en éducation physique à l’Université de Moncton. En 2001, il monte dans une voiture et traverse le Canada pour s’installer dans le petit village de Mayo, au Yukon, afin de commencer sa carrière comme enseignant.


Sa fascination pour le Nord canadien lui donne envie de découvrir d’autres horizons. En 2004, il déménage à Yellowknife. Quelques mois plus tard, un évènement bouleverse sa vie : lors d’un tournoi de football, un enfant d’une autre équipe l’aborde pour lui faire savoir que son entraineuse est célibataire. Quelques jours plus tard, Eugène a retrouvé cette même entraineuse lors d’un diner avec des amis communs au bar-restaurant José Locos. Trois ans plus tard, Eugène et Cynthia se marient. Ils ont eu une fille, Courtney. Une décennie et demie plus tard, Eugène, aussi musicien, écrit une chanson pour sa femme. Il y chantait : « Comment puis-je lui faire savoir qu’elle est toujours la seule. Mon amour pour elle n’a fait que grandir depuis qu’il a commencé. »

Fierté acadienne

Un Acadien peut quitter l’Acadie, mais l’Acadie ne quitte pas son cœur pour autant. Amateur de musique country et de musique acadienne, depuis son plus jeune âge, les chansons qu’Eugène a composées illustraient cette fierté de ses racines.


Dans le premier morceau de son premier album, De L’Acadie à Arctique, Eugène chantait qu’il était « un enfant de la mer ». Dans la chanson suivante, « Viens en Acadie », les paroles célèbrent ce coin du monde où vit « la grande famille » acadienne, son peuple, « tous de bon cœur ». Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d’autres.


En 2018, au moment de la sortie de son premier disque, Eugène se considérait comme « un Acadien dispersé qui peut parler et chanter de sa fierté, de sa culture et de ses racines ». Dans sa note biographique, publiée par Radio Taiga, on peut notamment lire : « On dit souvent qu’on se rend compte que quelque chose est précieux à nos yeux seulement lorsqu’on ne l’a plus. Je le comprends très bien maintenant. Ma musique reflète mon choix de vivre ailleurs. »


Le disque, a-t-il avoué, « n’est pas seulement le trajet de mes pieds et de ma musique, mais aussi celui de mon cœur ». Son amour profond pour ses racines et pour la francophonie a été signalé par l’Association franco-culturelle de Yellowknife. « La francophonie ténoise, le Nord et l’Acadie perdent un grand ambassadeur », peut-on lire dans une publication dédiée à Eugène à l’annonce de son décès. « Un fier Acadien, ce grand gars de Saint-Louis-de-Kent est toujours resté imprégné par sa culture et mobilisé pour sa défense, des thèmes récurrents de ses compositions. Passeur, il a su transmettre son amour de la langue française à des dizaines d’élèves du Nord. »


Célébrer l’héritage

En juin 2022, le ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation (MECF) des Territoires du Nord-Ouest a intronisé Eugène Roach au Temple de la renommée de l’éducation des TNO. La distinction est accordée aux personnes de la communauté « en reconnaissance de leur contribution à la profession, de leurs compétences en leadeurship, de leur soutien à l’autochtonisation de l’enseignement, de l’étendue de leur influence et de leur apport à la collectivité ».


Dans un communiqué, le ministère a déclaré qu’Eugène Roach « ne ménage pas ses efforts pour améliorer la vie des élèves et des familles aux TNO ». « Il est connu pour être un leadeur et un entraineur dans presque tous les sports, même pendant ses innombrables heures de bénévolat effectuées après l’école et durant les fins de semaine », peut-on lire.


Le ministère a rappelé que l’enseignant a élargi son répertoire pour y inclure le tir à l’arc, de 2016 à 2017, où il a entrainé l’équipe des TNO aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord, en pratiquant, lui-même, plusieurs niveaux d’entrainement. Il a aussi amassé des fonds pour obtenir l’équipement adéquat. « Ce n’est là qu’un exemple de la manière dont il soutient l’éducation adaptée aux cultures autochtones, la culture et le sport à l’école et ailleurs », souligne le communiqué. La déclaration conclut : « Pendant près de 20 ans, il a exercé une influence positive sur les milliers d’élèves dont il a été l’entraineur ou l’enseignant aux TNO ».


Une célébration de la vie d’Eugène est prévue le 3 septembre à l’école catholique Weledeh « Nous nous réunirons pour honorer Eugène avec des chansons, des histoires, des rires et de la nourriture. De nombreux musiciens et amis se réuniront pour se souvenir d’Eugène et partager leur amour pour lui », explique sa femme, Cynthia.


Son héritage sera aussi fêté avec une bourse créée en son nom par la Yellowknife Community Foundation. « Nous savions, très tôt dans son parcours, que nous voulions redonner à la communauté qui nous soutenait au décuple », raconte Cynthia. « La mise sur pied de cette fondation nous permettra de soutenir les jeunes de Yellowknife », ajoute-t-elle.


Lorsqu’on lui demande quelle sera la meilleure façon dont ses amis pourront le célébrer, sa femme, Cynthia, répond : « Vivez la vie en grand. Aimez votre famille. Chantez. Rappelez-vous ce qui est important. »

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