Conférence inter-confession à Yellowknife : des appels à l’amour, à la communauté et la guérison collective
Quatre intervenants partagent leurs perspectives sur le rôle de la foi et du soutien communautaire face aux défis de santé mentale
Cristiano Pereira
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
« L’homme sacrifie sa santé pour faire de l’argent. Ensuite, il sacrifie son argent pour retrouver la santé. Puis, il est tellement anxieux à propos de l’avenir qu’il ne profite ni du présent ni du futur; il vit comme s’il ne devait jamais mourir, et meurt finalement sans avoir vraiment vécu. »
Cette citation du Dalaï-Lama, partagée par Patrick Scott lors de la conférence Foi et bien-être, qui s’est déroulée le 22 septembre au Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles, Yellowknife, a donné le ton à une réflexion sur le rôle de l’amour, de la communauté et de l’action dans la quête du bien-être.
Côté foi
Pour Patrick Scott, la foi chrétienne n’est pas simplement une question de rituel ou de prière, mais d’action concrète. Il a rappelé que, dans une société de plus en plus isolée, il est vital de « toucher son voisin », en témoignant de respect et d’amour pour créer un lien humain. Scott a illustré ses propos par une expérience personnelle : ouvrir un café à côté d’un refuge pour sans-abris.
« Quand on respecte son voisin, la force vient, la guérison vient. Un chemin s’ouvre entre vous et l’autre quand vous montrez du respect », a-t-il déclaré.
Il a exhorté l’audience à briser les barrières sociales et à engager des actions réelles et tangibles pour démontrer l’amour et la compassion envers les autres.
Quelques minutes plus tôt, Roy Erasmus avait ouvert la discussion en mettant l’accent sur la santé mentale dans les communautés autochtones. Il a abordé l’impact durable du colonialisme, des pensionnats et du racisme systémique, qui ont laissé des cicatrices profondes à travers les générations. « Tant que le traumatisme n’est pas traité, il affecte la manière dont les gens agissent, ce qu’ils disent et ce qu’ils font pendant longtemps, parfois jusqu’à la mort », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une prise en charge tenant compte des traumatismes. Erasmus a cofondé les Dene Wellness Warriors en 2014 pour répondre à ces préoccupations en matière de santé mentale en offrant des services de conseil et des ateliers. Sa vision inclut la création d’un pavillon de guérison des traumatismes, ancré dans la compréhension culturelle, bien que le projet ait été retardé par les incendies récents. « Nous avons fait notre part, et nous sommes prêts à passer à la prochaine étape », a expliqué Erasmus, réaffirmant son engagement envers les initiatives de guérison.
L’Imam Aizaz Khan a pris la parole après Patrick Scott, en apportant des éclairages sur le bien-être mental d’un point de vue islamique. (Photo : Cristiano Pereira)
Imam Aizaz Khan a pris la parole après Scott, en apportant des éclairages sur le bien-être mental d’un point de vue islamique. Il a souligné le rôle essentiel de la prière dans le renforcement de la résilience, partageant une anecdote personnelle sur la manière dont la prière lui avait été enseignée dans son enfance. « Les leadeurs religieux jouent souvent le rôle de premiers répondants en période de crise », a-t-il déclaré, mettant en avant l’importance des communautés de foi dans le soutien à la santé mentale. Khan a expliqué que la prière en communauté ne se contente pas de rapprocher les individus de Dieu, mais qu’elle renforce également les liens au sein de la communauté.
« Imaginez si nous nous réunissions tous ici cinq fois par jour. Combien en saurons-nous davantage sur nos vies respectives et sur les difficultés que nous traversons? » a-t-il interrogé,
soulignant l’importance d’un engagement régulier. Il a également abordé la nécessité de consulter des professionnels pour les problèmes de santé mentale, rappelant à l’audience : « Après la difficulté vient la facilité. » Khan a appelé à une approche équilibrée qui intègre la foi et le soutien médical.
Santé publique
La Dre Kami Kandola a apporté une perspective de santé publique, en se concentrant sur la crise des drogues illicites qui s’est aggravée pendant la pandémie. Utilisant une analogie tirée du Seigneur des Anneaux, elle a comparé les dealeurs de drogue à Gollum, attirant les individus vers la dépendance en les isolant de leurs systèmes de soutien.
« Les amis, les familles et les communautés ont vu leurs proches sombrer dans une spirale destructrice de dépendance », a-t-elle déclaré.
La Dre Kandola a insisté sur l’importance d’une approche compatissante et de réduction des méfaits pour faire face à cette crise. « La stigmatisation éloigne les gens. La porte de la guérison doit toujours rester ouverte lorsqu’ils sont prêts à emprunter ce chemin », a-t-elle souligné. Elle a également appelé à des réponses pratiques, comme l’apprentissage de l’administration de la naloxone en cas de surdose et la compréhension de la nature toxique des drogues qui circulent dans les communautés.
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