Cannabis : un nouveau modèle pour les ventes en ligne
Les vendeurs de cannabis autorisés peuvent désormais exploiter une boutique en ligne pour vendre leurs produits aux Ténois, une décision prise à la suite de l’échec de la boutique du GTNO.
Les ventes de cannabis dans des magasins privés sont désormais comptabilisées comme provenant de« l’entrepôt » dans les rapports de la Société des alcools et du cannabis des TNO. Du 1er décembre 2020 jusqu’aux périodes susmentionnées, seule la ville de Yellowknife avait des magasins privés. Nous avons ainsi attribué les données de l’entrepôt à Yellowknife puisque l’entrepôt n’a approvisionné que des magasins de la capitale. (Sources : Bureau des statistiques des TNO, Société des alcools et du cannabis des TNO)
Vendre du cannabis en ligne n’aura pas été rentable pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Depuis des ventes de 33 224 $ au premier trimestre en 2018, celles-ci ont presque continuellement chuté pour s’établir à 2532 $ entre juillet et septembre dernier, peu avant que le gouvernement choisisse de fermer sa boutique en ligne et de passer le flambeau aux magasins autorisés intéressés.
La boutique en ligne de la Société des alcools et du cannabis des Territoires du Nord-Ouest (SACTNO) a en effet cessé ses activités le 17 octobre, exactement trois ans après son ouverture. Elle a vendu pour un total d’environ 88 500 $ avec une moyenne de 78 transactions par année. Celle-ci était opérée par le producteur de cannabis Tilray qui, à l’ouverture de la boutique en ligne, offrait quatre produits en vente et, à la fermeture, seulement 14, rapporte Todd Sasaki, porte-parole au ministère des Finances du gouvernement territorial.
« Le cout pour développer la boutique en ligne a été d’environ 300 000 $ et les couts annuels pour l’opérer ont été de 200 000 $ par année », affirme Todd Sasaki dans un échange de courriels avec Médias ténois.
Cette boutique aura ainsi couté quelque 900 000 $, soit dix fois plus que les ventes réalisées grâce à la plateforme.
« Oui, la Société des alcools et du cannabis des Territoires du Nord-Ouest a perdu de l’argent avec la boutique en ligne », confirme-t-il.
Lorsque le cannabis a été légalisé en 2018, la SACTNO « anticipait un important marché en ligne étant donné qu’il n’y avait seulement que six magasins autorisés à vendre du cannabis sur tout le territoire. Ce marché ne s’est pas matérialisé », continue-t-il.
La Société des alcools et du cannabis des Territoires du Nord- Ouest redirige ceux qui veulent acheter du cannabis sur le site internet de la compagnie Releaf NT
(Crédit photo : Marie-Soleil Desautels)
Cher et peu de choix
Le professeur à l’École des sciences de la santé publique de l’Université de Waterloo, David Hammond, qui étudie entre autres les tendances de consommation du cannabis, a visité l’ancien site de la boutique en ligne avant qu’elle ne ferme. « Ce n’est pas étonnant d’avoir eu des ventes aussi basses avec si peu d’offre », dit-il, lors d’une entrevue téléphonique.
Il a constaté que les prix des quelques produits étaient également beaucoup plus élevés qu’ailleurs au Canada. « Il n’y avait rien à vendre sous les 40 $ et c’est sans compter les frais de livraison. En Ontario, il y a des centaines de produits, à un prix compétitif, et la livraison est gratuite depuis la pandémie », compare-t-il.
Désirant augmenter le volume de ventes en ligne, le gouvernement territorial a publié une déclaration d’intérêt en juillet 2021 « pour obtenir des idées sur des modèles de rechange pour une boutique en ligne », affirme Todd Sasaki. Six réponses ont été obtenues. Parmi les idées reçues : refaire complètement la boutique en ligne ; opérer un nouvel entrepôt accompagné d’une boutique en ligne ; permettre aux magasins déjà autorisés à vendre du cannabis aux TNO d’exploiter leur propre boutique en ligne.
« Toutes les idées ont été évaluées et la SACTNO a décidé que les vendeurs locaux de cannabis aux TNO étaient les mieux placés pour offrir ce service. »
Releaf NT en ligne
Pour l’instant, seul le vendeur autorisé Releaf NT, qui a pignon sur rue à Yellowknife, a sauté dans l’action. « En quelques semaines, on a mis sur pied une boutique en ligne, on a doublé notre inventaire et on le doublera à nouveau bientôt pour être compétitif », affirme son président, Luke Wood, au bout du fil. Sa boutique en ligne est ouverte depuis le 18 octobre et offre plus de 250 produits provenant de plusieurs fournisseurs, plutôt qu’un seul.
« Si on reçoit une commande en ligne avant 8 h, on l’envoie la journée même par Postes Canada depuis Yellowknife », affirme le propriétaire, débordé depuis le lancement de la boutique.
Lui aussi croit que le peu de produits offerts a nui à l’ancienne boutique, ainsi que les frais de transport et le délai avant la réception, puisque les produits étaient envoyés de « n’importe où au Canada », dit-il.
Son entreprise a fixé les frais de livraison à 15 $, peu importe le montant de l’achat. Il n’est pas encore possible de livrer des commandes à Yellowknife, Ndilo et Dettah, mais Luke Wood s’attend à ce que cela le devienne puisque le GTNO autorise la livraison d’alcool depuis le 19 octobre dans les collectivités possédant des magasins d’alcool.
« Whatì, Fort Simpson, Inuvik ou Tuktoyaktuk, les commandes entrent, mais je ne m’attends pas à une énorme demande. Pas encore. Pour le moment, on sert surtout les petites localités où il s’achetait du cannabis illégal en ligne. Les gens continuent à aller dans les magasins là où il y en a », continue-t-il.
Un troisième magasin de vente au détail de cannabis aux Territoires du Nord-Ouest, It’s 4:20 Somewhere, a d’ailleurs ouvert ses portes le 24 septembre, cette fois à Hay River, s’ajoutant aux deux magasins privés de Yellowknife.
Bien que le GTNO ignore si ce nouveau modèle de ventes sur Internet permettra de matérialiser enfin le marché anticipé, « maintenir une présence en ligne est important vu que la majorité des collectivités n’ont pas accès à du cannabis légal », rappelle Todd Sasaki, au ministère des Finances.
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