BrandonSonnet : un créateur solitaire qui redéfinit la musique électronique aux TNO
Entre tradition et innovation, l’artiste inuvialuk explore de nouveaux horizons musicaux en intégrant l’atmosphère de la toundra à des compositions électroniques uniques.
Il se présentera au festival Folk On The Rocks, seul, avec un simple ordinateur portable sur scène. Si cette image peut sembler un peu réductrice, il est pourtant un des créateurs de musique nouvelle les plus singuliers des Territoires du Nord-Ouest.
Un style propre à lui
Le fait d’avoir grandi à Inuvik a profondément façonné le style musical et la sensibilité de BrandonSonnet. Réfléchissant à sa vie dans la toundra, le créateur de musique électronique reconnait l’influence inhérente qu’elle a eue sur les tons mélancoliques et sombres présents dans ses compositions.
« J’ai l’impression que cela vient en grande partie du fait que j’ai grandi dans une région isolée, dans une petite ville », confie-t-il à Médias ténois.
Il est vrai que l’on peut déceler dans sa musique une préférence pour les tonalités basses et une certaine noirceur qui peut refléter l’isolement et la réclusion. Cependant, l’immensité du paysage et la solitude de son environnement ont constitué un terrain fertile pour l’introspection et la profondeur émotionnelle, éléments qui imprègnent son expression musicale. « Je fais simplement de la musique qui va dans ce sens », commente Brandon.
Son processus créatif
Le musicien décrit son cadre habituel de création : seul dans sa chambre devant son ordinateur.
« Je suis ce que l’on pourrait appeler un musicien de chambre. C’est moi, avec mon ordinateur et un peu d’équipement, en quelque sorte en solitaire. C’est probablement ce qui ajoute au paysage ou à l’ambiance sonore que je crée », affirme Brandon.
À travers son processus de production musicale en solo, l’artiste semble avoir découvert des révélations profondes sur lui-même. « J’ai l’impression que le fait d’écrire et de faire de la musique m’oblige à aller à l’intérieur au lieu de regarder à l’extérieur, suggère l’artiste. Lorsque l’on n’a pas de distractions et que l’on se concentre sur ce que l’on fait, on apprend beaucoup de choses sur soi-même. »
(Courtoisie BrandonSonnet)
En réfléchissant à ce processus de création solitaire, il reconnait le vaste réservoir de créativité en lui qu’il n’avait auparavant pas reconnu. Il décrit comment l’acte d’expression créative lui a permis de plonger sous la surface, loin des distractions du monde extérieur, révélant des couches d’introspection et de découverte de soi.
BrandonSonnet (en un seul mot) note que parmi les nombreuses distractions qui se disputent attention, la création musicale agit comme un catalyseur puissant pour l’autoréflexion, le poussant à explorer les profondeurs de sa propre psyché, un voyage caractérisé par la révélation et la croissance continue.
La musique électronique a le potentiel de diversifier le paysage musical des TNO. Brandon croit que la région est principalement connue pour sa musique plus traditionnelle, ce qui laisse un vaste réservoir de potentiel artistique inexploité. Il souligne l’importance des formes d’expression traditionnelles, tels les tambours autochtones, et reconnait leur valeur pour la préservation du patrimoine culturel.
Cependant, il plaide également pour l’exploration de nouveaux territoires musicaux. En créant de la musique électronique, il se voit remplir un rôle dans cette exploration. Ses albums, chacun distinct par leurs genres, reflètent son désir de repousser les limites et d’éviter la répétition. Pour Brandon, la musique électronique est une voie nouvelle et excitante pour l’expression artistique aux Territoires du Nord-Ouest.
« Mais je ne suis pas vraiment intéressé à faire la même chose encore et encore », ajoute-t-il.
Jongler entre les cultures
Parfois, l’artiste inuvialuk trouve un équilibre entre les attentes traditionnelles de sa communauté et son style musical innovant en intégrant des éléments traditionnels dans ses créations. C’est quelque chose qu’il a fait d’une manière ou d’une autre dans son album The Beringia Theory.
« J’ai fait beaucoup de croisements entre les sons électroniques et les percussions traditionnelles », raconte l’artiste.
BrandonSonnet conseille vivement aux jeunes musiciens des TNO de se lancer sans hésitation dans l’exploration sonore. « Il y a tant de musique à explorer, il faut juste le faire, se lancer », souligne-t-il.
Il termine en étayant son propos : « Peu importe si ce que l’on fait au début n’est pas parfait ou techniquement irréprochable, il sera toujours possible de retravailler et de peaufiner par la suite. L’essentiel est de produire et de partager sa musique le plus rapidement possible. »
Le festival Folk On The Rocks se tiendra du 19 au 21 juillet, à Yellowknife.
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