Élections 2021 : Place aux candidats des TNO
Au-delà des grands débats nationaux, les candidats actifs des Territoires du Nord-Ouest mettent de l’avant des plateformes résolument axées sur les enjeux du Nord.
De gauche à droite : Jane Groenewegen (Indépendante), Kelvin Kotchilea (Nouveau Parti démocratique), Roland Haufer (Parti Vert), Michael McLeod (Libéral), Lea Anne Mollison (Conservateur) / Crédits photos : Jane Groenewegen, NPD, Roland Haufer, Parti Libéral du Canada, Parti Conservateur du Canada
Thomas Ethier – IJL – Territoires
La campagne électorale entame son dernier tiers. Après un lent départ, les candidats ténois sont bien en selle et se font pour la plupart entendre, indépendamment des intentions de vote. Médias ténois s’est entretenu avec quatre d’entre eux – au moment d’écrire ces lignes, la candidate conservatrice ne s’est pas encore adressée à aucun média –. Chaque interlocuteur s’est vu offrir l’occasion, avant l’entrevue, de consulter les quatre grands thèmes de discussion établis par notre équipe de rédaction.
Comment appuierez-vous le recours aux sources d’énergie alternatives afin de réduire le recours aux combustibles fossiles ?
Jane Groenewegen – Nous observons de bons changements en matière d’énergies renouvelables, incluant l’utilisation de biomasses ou de granulés de bois. La forêt boréale est une cathédrale de produits durables, renouvelables et accessibles qui peuvent chauffer nos maisons. Comme députée, j’ai déjà avancé en chambre qu’il serait judicieux de fournir un poêle à bois à tous les résidents, pour le chauffage au granulé de bois. Ces ressources sont littéralement à nos portes, et permettraient en outre d’éviter la fluctuation du prix du pétrole.
Roland Haufer – Les génératrices au diésel sont l’un des principaux pollueurs. Ils pourraient être facilement convertis en génératrices au biodiésel, qui pourraient d’ailleurs être raffinées et produites dans le Nord. Nous souhaitons également promouvoir le financement de projets d’éoliennes individuelles dans les collectivités, ainsi que l’énergie solaire, avec installation de centrales de stockage d’électricité. Il importe également d’implanter des serres communautaires dans les collectivités pour réduire le recours au transport. Nous souhaitons également réduire de 50 % l’utilisation d’essence dans le Nord d’ici trois ans, en mettant des véhicules électriques sur nos routes.
Kelvin Kotchilea – Les inondations printanières sans précédent du fleuve Mackenzie sont un parfait exemple des effets des changements climatiques dans le Nord. L’environnement fait partie de qui nous sommes, en tant que Ténois et en tant que Dénés, et nous pourrions devoir sacrifier notre façon de vivre. Plusieurs collectivités dépendent de génératrices au diésel, alors que nous avons accès à un vaste territoire rempli de ressources. Le gouvernement fédéral doit financer des projets pilotes dans les collectivités et explorer les nombreuses options en matière de sources d’énergies vertes.
Michael McLeod – J’ai démontré être un ardent défenseur de la lutte aux changements climatiques et des sources d’énergie alternative. Le Parti libéral du Canada a passé une loi visant à atteindre le niveau de zéro émission nette d’ici 2050. Nous souhaitons également améliorer nos engagements et réduire les émissions mesurées en 2005 de 40 à 45 % d’ici 2030. Le parti libéral s’est aussi engagé à retirer le diésel de toutes les collectivités des TNO d’ici 2030. Nous avons également investi beaucoup d’argent en sources d’énergie alternative. Récemment, 45 millions ont été alloués pour relier Fort Providence et Kakisa à la centrale hydroélectrique de Talston, et y éliminer le diésel.
Comment appuierez-vous les TNO dans la recherche et le développement de nouveaux secteurs pour bâtir l’économie à long terme des Territoires du Nord-Ouest ?
Jane Groenewegen – Considérant le déficit et l’endettement généré sous ce gouvernement libéral, nous avons besoin d’une économie forte qui fonctionne bien, et devons combattre la pénurie de main-d’œuvre qui affecte plusieurs secteurs. Le gouvernement fédéral doit identifier les zones où les gens sont sous-employés et où les besoins de formation se font ressentir. Nous devons également diversifier notre économie. Hay River, par exemple, ne se trouve qu’à trois heures de High Level, en Alberta, où évoluent les industries gazière et pétrolière, forestière et agricole. Nous n’exploitons pratiquement aucune de ces industries. L’agriculture devrait être portée à un niveau supérieur.
Roland Haufer – Il y a un grand manque à combler aux TNO. Il y a tellement d’emplois de disponibles dans le secteur des sources d’énergie alternatives. En matière de logement, combiner de nouvelles sources d’énergie aux habitations existantes permettrait d’embaucher des centaines d’employés. Nous souhaitons aussi encourager le gouvernement fédéral à accroitre le budget du Collège Aurora, pour y développer un centre de formation entourant les technologies environnementales, et former des résidents du Nord ici même.
Kelvin Kotchilea – Le gouvernement fédéral peut s’inscrire comme partenaire avec les gouvernements autochtones pour développer les compétences dans les collectivités. Il y a beaucoup de travail devant nous : nous devons par exemple construire des logements abordables ou encore procéder à des travaux de rénovation. Plusieurs idées émanent, mais les entrepreneurs ne trouvent pas de partenaires fédéraux pour transformer leurs projets en emplois. Pour ce qui est de l’industrie minière, il est prématuré de parler de développement avant de nous être engagés dans un processus de réconciliation avec les collectivités. Cette industrie profite au PIB, mais les résidents n’en ressentent pas les impacts positifs et sont toujours aux prises avec des problèmes de logements, de dépendances et de santé mentale.
Michael McLeod – Nous retournons en élection dans le but d’obtenir un nouveau mandat pour aider les Canadiens durant la pandémie, mais également dans le but de développer une économie en santé. Nous comptons dépenser plus de 100 millions $ en trois ans pour appuyer la reprise économique au pays.
Sur le plan minier, les investisseurs veulent être en mesure de savoir que les gouvernements autochtones travaillent avec eux. Plusieurs régions n’ont toujours pas été explorées en raison de la lenteur des négociations. À ce chapitre, le règlement des revendications territoriales et la mise sur pied de gouvernements autonomes prennent une importance capitale. Le secteur minier est également affecté par le cout du transport. Plusieurs régions n’ont toujours pas de route, plusieurs aéroports sont encore trop petits. Les investissements en ce sens permettront de réduire les couts et ouvriront plusieurs régions à l’exploration.
Comment comptez-vous assurer le succès des processus de réconciliations et des négociations avec les peuples et gouvernements autochtones ?
Jane Groenewegen – Nous devons d’abord reconnaitre que les TNO sont en bonne posture quant à la façon dont nous incluons les peuple et gouvernement autochtones dans la gestion des ressources et de la vie sauvage, la prestation de services en santé et en éducation, etc. Nous pouvons en faire beaucoup plus, et nous pouvons faire l’envie de plusieurs régions canadiennes.
Sur le plan culturel, les services gouvernementaux et les programmes scolaires sont excellents. Même nos services de diffusion sont à l’avant-garde de la protection des langues autochtones. Une bonne partie du succès observé dans la préservation des langues provient des groupes autochtones. J’ai observé en région Tlicho, par exemple, plusieurs personnes qui parlent la langue de la région. Plusieurs ainés sont même unilingues. Une grande partie des efforts doivent provenir des collectivités, et, en tant que gouvernement, nous devons les appuyer comme nous le pouvons.
Roland Haufer – Il est temps de travailler pour et avec les dirigeants autochtones et de nous fier à leur sagesse en matière d’interactions humaines et de protection de l’environnement. Sur le plan des négociations, nous devrons mettre l’accent sur les infrastructures, et les gouvernements autochtones doivent être au cœur de toutes les décisions.
Il sera très important de générer des rencontres multiculturelles, axées sur l’écoute et l’échange, pour consolider les relations, assumer les erreurs du colonialisme et ouvrir la voie à un futur plus radieux. L’enseignement des langues autochtones et de la culture régionale devrait être assuré à partir des premières années d’apprentissage. Le Collège Aurora devrait offrir ses cours dans les langues autochtones du territoire.
Kelvin Kotchilea – Ce que veulent les collectivités et gouvernements autochtones, c’est l’autosuffisance, l’autogouvernance et l’autodétermination. Rien dans le Nord ne peut se faire sans inclure les Autochtones, les Métis et les Inuits dans les décisions. Justin Trudeau affirme que ses relations avec les peuples autochtones sont importantes, mais en réalité, c’est avec les corporations qu’il entretient ses grandes relations.
Ma priorité, c’est que les collectivités et les grands centres aillent de l’avant avec les revendications territoriales. Ainsi, nous pourrons mieux déterminer quelles terres sont disponibles pour le développement. Il est révoltant, 100 ans après la signature du traité 11, que nous en soyons toujours au point où nous sommes.
Michael McLeod – Notre gouvernement a développé de très solides relations avec les gouvernements autochtones des TNO au cours des dernières années. Actuellement, 14 de ces gouvernements sont à la table de discussion. En ce qui a trait aux langues autochtones, nous sommes très inquiets. Selon certains groupes, sur les quelque 50 langues autochtones du pays, toutes, sauf trois, menacent de disparaitre. J’ai personnellement indiqué au premier ministre Justin Trudeau que les gouvernements autochtones doivent diriger leurs efforts de revitalisation dans ce sens.